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Enzo Scifo, fausse licence, contre-pieds et chaîne en or qui brille

Si ce n’est pas réellement à cause de lui que, depuis les années 1990, la France voit proliférer le prénom Enzo, son niveau de jeu l’aurait amplement justifié. Numéro 10 brillant, Vincenzo « Enzo » Scifo est passé par l’Hexagone, comme, après lui, Eden Hazard, le capitaine de la Belgique qui a atteint les demi-finales du Mondial russe.

 

La légende belge Enzo Scifo
placée sous le signe de l’Italie

 

Ce qui le diffère sensiblement de l’ex-Lillois cependant, outre un profil moins costaud –l’ailier de Chelsea a des guiboles ultra-puissantes–, ce sont ses origines italiennes. De son prénom à son physique, en passant par le choix de ses destinations, Scifo évoque immanquablement la Botte.

Ses grands-parents, siciliens, ont débarqué en Belgique dans les années 1950. Enzo vient au monde la décennie suivante –il a 52 ans aujourd’hui– et, dans les années 1970, son talent footballistique est déjà évident. À tel point que dans son premier club, La Louvière, les dirigeants truquent sa licence pour lui donner 8 ans au lieu de 7, afin qu’il évolue un niveau au-dessus. Alors que d’autres se battent pour être rajeunis, Scifo, lui, est vieilli, signe de ses remarquables facultés.

 

À 12 ans, « Le petit Pelé du Tivoli », comme il a très tôt été surnommé, gagne pratiquement autant d’argent que ses parents. Après avoir modifié son âge, les dirigeants de La Louvière lui mitonnent un contrat l’empêchant de répondre favorablement aux (déjà nombreuses) sollicitations d’autres clubs. Quand une pépite met plus de 400 buts en quatre années dans les équipe de jeunes, on fait tout pour le retenir, quitte à truander comme des mafieux, n’est-ce pas ? Sauf que le génie du petit Rital est devenu bien trop grand pour passer totalement inaperçu en Belgique. Le meneur rejoint alors le plus grand club du pays, Anderlecht, à 16 ans. Un an plus tard, il devient pro, puis un an après, il devient belge.

À 18 ans, Enzo Scifo, qui pensait qu’il fallait « se lever tôt » pour être sélectionné avec l’Italie de l’époque, choisit la Belgique, moins par opportunisme que par sentiment d’appartenance à la nation. Malgré son nom, son apparence typée, ses origines siciliennes et les vacances régulièrement passées dans la Botte après de longs trajets en Fiat –so cliché–, le petit prodige se sent belge. Dans la foulée de sa naturalisation, le joueur participe à l’Euro 84. Mais c’est surtout à la Coupe du monde 1986 qu’il s’illustre. Il est élu meilleur jeune d’une compétition où les Diables rouges sont éliminés en demie par l’Argentin Diego Maradona, auteur d’un doublé. C’est peut-être pour se mesurer à ce dernier, alors Napolitain, que Scifo rejoint la Serie A un an plus tard, auréolé de trois titres de champion de Belgique d’affilée.

 

Passé maître dans l’art du contre-pied, le virtuose avoue sans mal avoir été un grand fan de Michel Platini et de la Juventus. Il rejoint toutefois l’Inter, en 1987, puis le Torino, en 1991. Ironique, donc, quand on constate qu’il a porté le maillot des deux clubs les plus honnis par la Veille Dame. Sauf que, numéro 8 sur le dos, Enzo déçoit chez les Nerazzurri. Il entame alors un voyage régénérateur en France. Il s’arrête à Bordeaux, un an, sans succès, puis à Auxerre. En deux saisons sous les ordres d’un Guy Roux peu avare en conseils, il y claque trente buts. De retour au sommet, il retente sa chance avec le Toro, où il enfile d’abord le numéro 7, puis le 10, synonyme d’une adaptation réussie dans son second pays.

 

Gâchée par les blessures, la dernière partie de sa carrière est plus compliquée, malgré un titre de champion de France sous les couleurs l’ASM. Un docteur s’est même étonné que le Belge ait pu jouer aussi longtemps avec une hanche « dans un tel état ». Casser les reins des adversaires, bien que tentant –d’autant plus si on est doué pour ça–, est donc finalement risqué.

Rangé des crampons, Enzo Scifo enfile les habits de coach, mais est bien moins brillant sur le banc que sur le pré. Il se fait licencier partout où il officie, sans dépasser les trois années au même endroit. Statistiquement, il a même davantage perdu de matchs qu’il n’en a gagné. S’il a été un grand joueur, tout n’était pas Gagné d’avance en tant qu’entraîneur, même s’il a pu le chanter en 1985 avec l’Italien Toto Cutugno. Scifo sénior fut très fier de cette petite parenthèse musicale. On n’a par contre jamais eu l’avis de l’ami compositeur d’Enzo, Claude Barzotti…

 

 

© Panini/Old School Panini – Instagram tomleenders1, historicsfootball – YouTube Vincent Rousseau – Twitter MateuilB