44 jours david peace brian clough

Brian Clough, David Peace, Leeds… Un livre foot pour votre été

Besoin d’un bouquin pour les vacances ? Que ce soit à la plage, dans le train, sur une chaise longue au bord de la piscine ou dans un champ du Larzac, n’hésitez pas à délaisser quelque temps le smartphone et L’Équipe. Maintenant que le Mondial est fini, il est temps de se cultiver un peu.

 

Brian Clough, un tempérament bouillant
dans la froideur du nord de l’Angleterre

 

On vous avait précédemment parlé de Bill Shankly, déjà dans une critique d’un livre de David Peace (Rouge ou mort) ; voici donc chroniqué un second ouvrage du brillant auteur anglais, 44 Jours*, cette fois-ci consacré à Brian Clough. Le roman relate le (bref) passage de ce dernier à la tête de Leeds United. Marcelo Bielsa, qui vient de s’installer aux commandes des Peacocks au mois de juin, devrait lire l’œuvre avec attention…

Notre ami et spécialiste littéraire Franck Parodi a repris la plume pour dépeindre cet écrit et son sujet principal, Brian Clough donc, ex-attaquant (Boro, Sunderland, 251 buts en 274 matchs quand même) et, surtout, légendaire entraîneur brit des années 1960-1980. À l’instar de son aîné Bill Shankly (qu’il admirait, d’ailleurs), Clough était une grande gueule. Détesté, haï même, adulé, à titre posthume ou non, ce punchliner haut en couleur (retrouvez une sélection de ses bons mots en fin d’article) ne laissait personne de marbre.

 

Adepte d’un jeu construit, il allait à contre-courant de tous les codes établis et ne se satisfaisait guère de la normalité, encore moins de la médiocrité. En a résulté un joli palmarès, garni notamment de deux victoires consécutives en Coupe d’Europe des clubs champions (1979 et 1980, avec Nottingham Forest) et de deux titres de champion d’Angleterre (1972, Derby County, et 1978, Nottingham Forest).

 

 

Trêve de bavardage, place à la chronique :

« Avec 44 Jours, David Peace surprend ses lecteurs, ses détracteurs et les critiques tant le contre-pied d’avec ses œuvres précédentes est ici à-propos. Point d’immersion dans les cloaques pervers du West Yorkshire ni de luttes réprimées par Margaret Thatcher sur les corons du nord de l’Angleterre, mais l’histoire de Brian Clough, buteur prolifique dont la carrière sera brisée, comme son genou, un jour de Boxing Day.

Reste son ego qui le mènera à devenir entraîneur. Fort de ses succès en divisions inférieures avec Hartlepool et Derby County, il sera contacté par Leeds United, club iconique des années 1970. Problème, cet adepte du beau jeu se heurte au “kick and rush”, à la brutalité des footballeurs, des dirigeants et des supporters du club du Yorkshire. Quarante-quatre jours plus tard, Clough sera limogé, avec la manière et le dédommagement que pourraient lui envier bien des managers stars contemporains.

Ce sont ces jours de conflits que David Peace nous dépeint, toujours avec cette écriture à la forme si caractéristique. Jouant du passé et du présent, son récit à la première personne nous fait devenir Brian Clough, jusqu’à l’envie d’accompagner la lecture d’un bon verre de Brandy. » F. P.

 

Et pour finir en beauté, quelques maximes de Mister Clough :

« On a discuté pendant vingt minutes et on a décidé que j’avais raison. »

« Je ne dirais pas que j’étais le meilleur entraîneur dans le métier. Mais j’étais dans le Top One. »

« Je n’ai frappé Roy [Keane] qu’une fois. Il s’est relevé, donc je n’avais pas dû cogner très fort. »

« Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais je ne m’en occupais pas. »

« Ne m’envoyez pas des fleurs quand je suis mort. Si vous m’aimez, envoyez-les pendant que je suis vivant. »

« La démission, c’est pour les Premiers ministres et ceux qui se font prendre le pantalon sur les chevilles. Pas pour moi. »

« Les joueurs font perdre les matchs, pas la tactique. Il y a tellement de bêtises dites sur la tactique par des gens qui savent à peine comment gagner aux dominos… »

 

 

(*) Traduit de l’anglais par Daniel Lemoine, éd. RIVAGES/NOIR, 9,65 €.
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