Il existe deux catégories de footballeurs : les joueurs, et les artistes. Ces esthètes qui ont la capacité de transcender les foules, d’émerveiller, d’émouvoir par leur talent pur. Mais à l’instar de certains écrivains, peintres, chanteurs… leur carrière aura été émaillée de déconvenues physiques. Certains diront que c’est un beau gâchis, mais l’art n’est-il pas plus une histoire de qualité que de quantité ? Portraits de trois artistes qui ont squatté les infirmeries de notre Ligue 1.
Javier Pastore : le plus beau
Voir Pastore jouer pendant 90 minutes et mourir en paix. Javier est comme ce dessin de Leonardo da Vinci, tellement précieux qu’il n’est accessible aux yeux du public qu’une courte période dans l’année. Alors on se prépare comme pour un gala, comme pour l’ouverture du premier ballet de la saison, un ballet dont le danseur étoile n’est autre que le n° 27 du PSG. Sur un terrain et quand il est en forme, Javier Pastore n’a rien à envier à la grâce d’un Mikhaïl Baryshnikov à son apogée.
Mais l’homme est fragile, trop fragile. Doté d’un physique menu qui lui vaut le surnom d’« El Flaco » (le Maigre), Javier enchaîne les blessures : mollet, tibia, aine, genou, adducteurs… Certaines mauvaises langues diront que la liste de ses blessures est plus longue que celle de ses titularisations.
Cependant, rarement le public, en particulier celui du parc des Princes, ne lui en voudra. Preuve s’il en est, la vive émotion des supporters parisiens quand la rumeur de son départ se faisait insistante au dernier mercato d’hiver.
À 28 ans, le milieu argentin n’a pas les statistiques qui siéent aux grands joueurs, mais sa technicité et son élégance auront marqué tous ceux qui ont eu le privilège de le voir évoluer. Et ça, c’est déjà une sacrée performance.
Radamel Falcao : le plus déterminé
La carrière du Colombien n’a pas été un long fleuve tranquille. Depuis ses débuts à River Plate et jusqu’à aujourd’hui à l’ASM, Radamel Falcao a autant collectionné les problèmes de santé que les coups d’éclat. Cuisse, pied, aine, genou, tête, tout y est passé, mais sa pire blessure restera une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche survenue lors d’un sinistre match de Coupe de France, contre Chasselay.
De prêt en prêt, de blessure en blessure, le souvenir de ce merveilleux joueur qui avait éclaboussé de son talent la Liga lors de ses deux saisons à l’Atlético de Madrid commençait à s’estomper. Falcao était fini et enterré.
Mais l’âme d’un tigre ne meurt jamais. À son retour à Monaco, après un périple anglais calamiteux, personne ne l’attend réellement. Le brassard de capitaine lui est attribué plus par acquis d’ancienneté et d’expérience que par réelle confiance en ses performances. Il finira la saison avec un titre de champion de France, un parcours éblouissant en Champions League et un total de 30 buts marqués.
Malgré des pépins physiques persistants, El Tigre prouve encore un peu plus la puissance du mental sur le corps. Et n’en finit pas de nous surprendre.
Yoann Gourcuff : le plus frustrant
Tout avait commencé comme dans un conte de fées, ou en tout cas pas loin. Son nom, déjà, l’avait prédestiné à faire carrière dans le football. Quant au talent flagrant, il lui garantissait un très grand parcours.
Mais voilà, après des débuts éblouissants en Ligue 1, un passage anecdotique à Milan et un retour glorieux avec les Girondins, les blessures débutent et les doutes s’immiscent. C’est qu’on lui a également fait porter un lourd fardeau sur ses fragiles épaules, celui de succéder à un certain Zidane.
L’expérience lyonnaise de Gourcuff sera même qualifiée de catastrophe industrielle, étant donné le temps de jeu famélique accumulé en cinq ans –pour un rendement décevant. Le Morbihanais rentre par la suite à la maison, en Bretagne. Encore trop régulièrement blessé, il ne connaît pas davantage de succès avec le Stade rennais.
Yoann Gourcuff a maintenant 31 ans, et plus personne n’attend le retour du fils prodigue qui envoyait des missiles de 35 mètres sous le maillot bleu. Bien que… si l’histoire de Radamel Falcao nous a appris une chose, c’est que dans le football comme dans la vie, rien n’est peut-être jamais tout à fait fini.
Bonus international : Alexandre Pato
Qu’il était merveilleux à regarder, le Pato de l’AC Milan, celui qui avait inscrit l’un des buts les plus rapides de l’histoire de la Champions League, face au FC Barcelone. Véloce comme l’éclair, dribbleur magnifique, technicien habile, il avait tout des plus grands.
Mais suite à cinq années émaillées de blessures en tout genre, et malgré des séjours répétés dans les cliniques les plus réputées du monde, le club lombard se résout à lâcher sa fragile pépite. Après un bref retour au Brésil, un nouveau come-back de courte durée en Europe (avec Chelsea puis Villarreal), Pato finit par s’envoler vers la Chine.
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