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Dani Alves : portrait du joueur le plus titré de l’histoire


S’il ne gagnera pas une quatrième fois Ligue des Champions cette saison, le PSG s’étant fait sortir de la compétition de manière prématurée, comme d’hab, Dani Alves peut rester tranquille : le Brésilien a toujours le plus gros palmarès de l’histoire du football.


Dani Alves : portrait du joueur le plus titré de l’histoire


Parisien depuis l’été 2017, comme son compatriote et ami Neymar, Dani Alves vit, bien plus que ce dernier, une aventure contrastée dans le club de la capitale. Si le Brésilien collectionne les trophées domestiques, comme son club, c’est plus sur le plan personnel qu’il y a une réticence à qualifier son passage comme absolument réussi. Et ne vous y trompez pas : ça ne veut pas dire que la FIFA le nomme sans discontinuer depuis 2015 dans l’équipe-type de la saison au poste d’arrière droit que le Brésilien est irréprochable sur le terrain. D’ailleurs, ça fait au moins trois saisons que Joshua Kimmich et Dani Carvajal lui sont assurément passés devant.

En mai 2018, Dani Alves a notamment subit une grave blessure qui lui a fait louper la Coupe du Monde en Russie, et depuis son retour, son niveau de jeu interroge. C’était déjà le cas avant son absence. S’il n’éprouve pas de grandes difficultés en L1, où cette saison il joue parfois milieu centre ou ailier, ce n’est pas la même chose en Ligue des Champions, où, par exemple, sa prestation ratée contre Manchester United, lors du match retour (1-3), a été remarquée. C’est pourtant dans les grands rendez-vous que le Brésilien était attendu, et devait amener quelque chose de plus à un club qui a pour capitaine le larmoyant Thiago Silva. Pas réputé pour être un très grand défenseur, Dani Alves n’a de surcroît plus beaucoup de jambes à cause de son âge, 35 ans, et ne peut occuper aussi efficacement qu’avant tout un couloir. C’était pourtant ce qui faisait sa principale force.

S’il n’a pas révolutionné son poste, Roberto Carlos l’ayant devancé, Dani Alves est assurément un héritier de son compatriote madrilène. Monstrueux au Barça durant plusieurs saisons – il y reste 8 ans -, Dani the Dog était alors un chien fou sur son côté droit, une sorte d’ailier à vocation défensive qui collait parfaitement au style du Barça de Pep Guardiola et de ses successeurs, où les latéraux montent pour créer le surnombre et assurer une possession de balle sur toute la larguer du terrain. Habile techniquement, doté d’un sens du but pas dégueulasse – il claque 21 buts au Barça, et près de 50 dans toute sa carrière -, Dani Alves était surtout un formidable passeur, qui a eu des stats de meneur de jeu : en 2010-2011, par exemple, le Brésilien en délivre 21 en 54 rencontres avec les Blaugranas. En tout, il file un peu moins de 100 offrandes en huit saisons. Impressionnant.

Dani Alves peut également se targuer d’avoir une personnalité fantasque, lui assurant une reconnaissance médiatique mondiale. Sur son compte Instagram, notamment, on n’a aucun mal à trouver des courtes vidéos de lui en train de faire de la musique ou de danser, dans le vestiaire parisien par exemple, évoquant en cela une sorte de Patrice Evra mais en plus fun, plus rigolo et moins ridicule. On se rappelle également, de manière moins gaie, le buzz que sa réaction face à un jet de banane avait provoqué : Dani Alves, alors sous le maillot du Barça, s’était baissé pour la ramasser, et l’avait mangé – bon, il paraît que c’était une opération de com’ provoquée par le joueur lui-même, mais le symbole était fort.

Evidemment, il n’y a pas que les bananes que Dani Alves soulève : les trophées aussi, au nombre de 35 – pour l’instant. Triple vainqueur de la Ligue des Champions avec le Barça (2009, 2011, 2015), une fois finaliste avec la Juventus (2017), double vainqueur de la Coupe UEFA avec le FC Séville (2006, 2007) le Brésilien aurait aussi levé, selon les rumeurs, le mannequin brésilien Bar Rafaeli, en plus d’une ribambelle de trophées domestiques et internationaux : la Liga six fois, la Serie A une fois, la Ligue 1 bientôt deux fois, quelques Mondiaux des Clubs, des coupes nationales, et on en passe. Il n’y a bien qu’avec le Brésil que des victoires d’envergure manquent, même s’il a gagné à une reprise la Copa America, en 2007, en foutant 3-0 à l’Argentine en finale.

Mais avoir un immense palmarès individuel, le plus important de son sport, ne signifie pas qu’on a été le meilleur – à l’évidence, sinon on pourrait penser que Djibril Cissé, vainqueur de la Ligue des Champions, a été supérieur à Gabriel Batistuta, qui ne l’a jamais gagné. De ce fait, reste une question : Dani Alves, avec son armoire à trophées bien remplie, est-il le meilleur latéral droit de l’histoire du foot ?

Si le Brésilien incarne le latéral-type des années 2010, tant il a dominé le sujet et frappé les esprits sur cette période, on se rappelle néanmoins que l’émergence de Maicon lui a été préjudiciable en sélection nationale. Remplaçant de l’Intériste entre 2006 et 2010, Dani Alves ne joue le Mondial en Afrique du Sud qu’en position de milieu droit, seulement à partir du deuxième match de la compet’, après avoir passé le premier sur le banc. Le Barcelonais prend l’avantage uniquement quand Maicon baisse clairement de niveau, juste après le sacre de l’Inter en Ligue des Champions, en 2010 – et surtout après le triplé que Gareth Bale, son adversaire direct, lui a foutu avec Tottenham lors d’un match mémorable de Ligue des Champions. Un avantage que Dani Alves perd à nouveau en 2014, quand Maicon retrouve des couleurs lors de sa première saison à l’AS Rome, et qu’il lui pique la place de titulaire lors des qualifs au Mondial, puis à partir des quarts de la compet’ brésilienne – un mal pour un bien, Dani Alves vivant le légendaire 1-7 contre l’Allemagne depuis le banc.

Autre Brésilien à prétendre dépasser Dani Alves : le légendaire Cafu, capitaine de la Seleçao et figure majeure de l’AS Rome et du Milan AC dans les années 1990 et 2000. Si son palmarès est moins fourni que celui de Dani Alves – mais quand même doté d’une Ligue des Champions avec le Milan de Berlu’ -, le pendant droitier de Roberto Carlos a, lui, remporté deux Coupe du Monde avec le Brésil (1994, 2002), dont une en tant que capitaine et titulaire indiscutable. Efficace dans les phases offensives, Cafu était surtout un monstre en défense, ce dont Dani Alves ne peut guère se vanter. De plus, l’ancien Milanais détient deux records avec le Brésil qui signent sa régularité au plus haut niveau internationale : il est le seul joueur à avoir disputé trois finales de Mondial de suite (1994, 1998, 2002), et l’un des rares à avoir joué quatre Coupe du Monde. Dani Alves, lui, n’a jamais joué une seule finale de cette compétition internationale…

« Il parle parce qu’il joue dans une zone du terrain où on ne joue pas au foot. On fait juste une passe à l’attaquant. Dani Alves est un idiot. » Si on est évidemment en désaccord avec ce tacle à la gorge de Diego Maradona sur le latéral du PSG, asséné en 2017, cette attaque soulève, derrière l’insulte, un point pas dénué d’intérêt : le Brésilien de 35 ans est avant tout considéré comme un joueur offensif. Si ses qualités sur ce point sont indéniables, et supérieures à beaucoup de latéraux à qui on peut le comparer, elles ne masquent pas le fait que, face à un concurrent vu comme supérieur défensivement, Dani Alves souffre – un peu – de la comparaison. Aux yeux du sélectionneur brésilien de 2006 à 2010, le défensif Dunga, Maicon a toujours eu l’avantage, car plus complet, plus régulier et surtout meilleur défensivement. Quant à Cafu, il jouit de toute façon d’une aura supérieure. De plus, on n’a pas encore évoqué un Européen majeur à ce poste, Philip Lahm, que Pep Guardiola, qui a entraîné les deux joueurs, décrit en ces termes laudateurs, peu avant la retraite de l’Allemand : « C’est l’un des joueurs les plus fantastiques que j’ai entraînés dans ma vie. Et un des joueurs les plus intelligents. Le football va perdre l’un des meilleurs joueurs que j’ai vus. » On attend la retraite de Dani Alves pour avoir un éloge de ce genre…

Cependant, l’une des indéniables qualités du Brésilien a été d’être le complément parfait d’un génie argentin qui a joué durant de nombreuses années un peu plus haut devant lui. Et sa science du déplacement, son inventivité, sa vitesse et sa précision technique ont fait de lui le joueur parfait pour le poste de latéral droit d’une des formations les plus impressionnantes de l’histoire de ce sport, le FC Barcelone 2008-2012. La preuve ? Depuis son départ, en 2015, le club catalan n’est jamais allé en finale de la Ligue des Champions – trois fois avec le Brésilien -, et le poste a été occupé par pas mal de candidats, avant de se fixer, avec le plus de succès, sur… un milieu défensif reconverti, Sergio Roberto. Signe évident que, s’il y a probablement eu légèrement meilleur que lui, Dani Alves fait assurément partie des plus grands à son poste. Comme son palmarès semble l’indiquer.

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