Didier Deschamps, c’est un palmarès de joueur et d’entraîneur long comme le bras – très long, le bras -, qu’il a rehaussé l’été dernier d’un titre de champion du monde comme sélectionneur. C’est bien simple : le Bayonnais est entré dans l’histoire de son sport par sa capacité à gagner.
Quand ça sent le soufre, à l’OM notamment, la Dèche n’est jamais très loin… Coïncidence ?
Débarqué en 1989 à Marseille, après avoir été formé à Nantes avec Marcel Desailly, qu’il retrouve à l’OM en 1992, Didier Deschamps s’y acclimate d’abord mal. Un peu jeune et tendre, le milieu n’est pas titulaire lors de la première année et est même prêté à Bordeaux lors de la suivante. C’est que Bernard Tapie ne croit pas vraiment en lui, au point de lui laisser entendre, à la fin de son prêt, qu’il compte le refiler au PSG pour récupérer Jocelyn Angloma. Le défenseur viendra quand même, mais Deschamps ne fera pas le chemin inverse : à sa place, trois Marseillais, dont Bruno Zermain, iront dans la capitale.
C’est en fait un coup de fil à Bernard Tapie qui fera changer le regard du président sur DD. Le gouailleur en chef a sûrement trouvé à ce moment-là son héritier, au point qu’il nomme Deschamps capitaine l’année suivante, après le départ de Jean-Pierre Papin au Milan AC. Malin, Nanard : c’est sous l’ère de DD que l’OM gagne la Ligue des Champions. « Le porteur d’eau », sobriquet qu’on doit à l’ex-Olympien Eric Cantona, devient donc le premier capitaine d’un club français à soulever la coupe aux grandes oreilles.
C’est aussi à ce moment-là, on ne va rien vous apprendre, que l’affaire VA-OM éclate. L’ère du soupçon prend le dessus sur le succès incroyable(ment suspect) du club sudiste. Bien qu’il n’ait jamais été inquiété par la justice, la Dèche voit son ex-coéquipier, Jean-Jacques Eydelie, le charger dans son livre Je ne joue plus ! Il laisse entendre que son capitaine, ainsi que Marcel Desailly, ont été sollicités par Nanard et par le directeur général Jean-Pierre Bernès, et qu’ils ont contacté eux-mêmes leurs anciens coéquipiers nantais, alors valenciennois. Eydelie affirme même que la Dèche l’a appelé… l’année d’avant, quand il jouait à Nantes, pour lever le pied contre une rémunération financière. Capitaine sur le terrain, DD l’était-il aussi en-dehors pour tout ce qui relève de la corruption ?
Dur à dire. Par contre, il ne l’était vraisemblablement pas pour le dopage, pratique d’ailleurs tellement courante à Marseille que « tout le monde savait » que les joueurs étaient chargés, selon un médecin de l’UNFP. Et d’après Marcel Desailly, au club, c’était plutôt l’affaire du seul Nanard, qui filait des médocs ou des seringues avant les rencontres. Même lors de la finale de 1993 face au Milan ? Jean-Pierre Papin, dans le camp italien ce jour-là, la pense plutôt achetée. C’est en tout cas ce qu’il raconte de manière très informelle à des journalistes, en 1995…
Après sa carrière de joueur, réussie mais composée de zones d’ombres – corruption et dopage à l’OM et à la Juventus -, Didier Deschamps devient naturellement coach, à 32 ans. Après des passages remarqués par l’AS Monaco et par la Juve en Série B, le Français revient au Stade Vélodrome, en 2009. Il manque même de reformer un improbable duo avec Jean-Pierre Bernès, son agent mais surtout ex-bras droit de Nanard, à qui le président Jean-Claude Dassier propose de gérer les transferts. José Anigo s’y oppose, a gain de cause et… finit par s’embrouiller avec Deschamps, au point que Mr Propre affirme qu’ils se détestent mutuellement. Ce qui ruinera la dernière saison de DD sur le Vieux-Port – 10e en L1.
Sur le terrain, cependant, Deschamps redonne le goût de la victoire à l’OM, avec un titre de champion de France la première année, et trois Coupe de la Ligue en trois ans. Son passage est un succès ? Sur le pré, assurément. En dehors, c’est moins évident.
En effet, le club est impliqué dans des transferts frauduleux : des gens louches autour du club auraient touché de l’argent au détriment de l’OM. Si, comme lors de l’affaire VA-OM, DD n’est pas inquiété par la justice, cette dernière s’est interrogée sur son indemnité de départ – 900 000 euros – et les écoutes téléphoniques indiquent qu’il est au minimum au courant de ce qui se trame autour du club.
Si Deschamps est assurément associé aux plus beaux trophées de l’OM, il l’est également à ses plus grands ennuis…