“Ne l’écoute pas c’est un footix”. Nous avons déjà tous entendus cette phrase. Mais d’où vient le ferme “footix” ?
Rafraîchissons-nous la mémoire et faisons la genèse du terme. Initialement, Footix est le nom de la mascotte de la Coupe du monde 98. Après cette compétition, ce mot a servi à désigner les Français qui se sont soudainement intéressés de plus près au football, que ce soit par opportunisme –« Je vais m’y intéresser puisqu’on a gagné »– ou par mimétisme –« Je vais m’y intéresser puisque tout le monde le fait ». Résultat : un nombre incalculable de gens se sont mis à questionner les connaisseurs sur les règles de ce sport mais notamment celle du hors-jeu.
De nos jours, si la question de la règle du hors-jeu revient souvent sur la table au cours d’un match, d’autant plus avec l’introduction du hors-jeu passif, il est indéniable que le terme « footix » a évolué. Il ne caractérise plus uniquement les néophytes. Mais alors, qu’est-ce qui peut bien démarquer un footix de la masse des suiveurs ?
En premier lieu, son discours sur le football. Soyons francs, un footix ne débite que des conneries, ou presque, sur le ballon rond. Analysez le discours de vos proches, il se pourrait qu’ils soient touchés par ce virus. Il y a plusieurs symptômes à déceler pour déterminer si une personne est atteinte par ce mal. Nous allons ici en indiquer quelques-uns. En toute bonne foi…
Il est bloqué dans le passé…
Le foot, c’était mieux avant. « Eh ouais mec, France 98 c’était autre chose que les minots de 2018. » « La Division 1, tu peux pas test, y avait de vraies équipes indépendantes comme Sedan ou Gueugnon. » « Je me rappelle de Guy Roux, il aurait donné la leçon à Ranieri. »
…Ou au contraire n’a aucune mémoire
Deux cas : soit c’est de la réelle mauvaise foi avec des amnésies sélectives, soit c’est une véritable méconnaissance de l’histoire du foot. L’un est tragique, l’autre peut se guérir. Mais dans les deux cas c’est chiant.
Il « supporte » avant tout un club, une nation ou un joueur
Un footix a des préférences, c’est son droit. Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, la France ou le Brésil, le PSG ou l’OM… Sauf que ses goûts l’empêchent d’être objectif, car un footix prendra toujours le parti de son club, de son pays ou de son joueur « de cœur ». Quitte à dire des énormités du style : « Il n’y a qu’un Ronaldo, et c’est Cristiano, pas l’autre gros Brésilien qui n’a remporté qu’un seul Ballon d’or. » Véridique, phrase entendue par votre serviteur.
Il ne se rend jamais, même à l’évidence
Ce point est le prolongement du premier. Le Mondial qui vient de passer l’a cruellement montré, la France est un pays rempli de footix. Sur les réseaux sociaux, une pelletée de supps se sont mis en tête de défendre coûte que coûte le « spectaculaire » champion du monde. Tout est bon à prendre pour dire que la France a été offensive, même avec un Olivier Giroud en milieu défensif : aucune prolongation, 11 buts lors des matchs à élimination directe, etc. Sauf que les Bleus l’avouent eux-mêmes : la France a été défensive, pas très jolie, mais elle a gagné comme ça. Soit. Les joueurs l’assument. Footix, c’est à ton tour de l’assumer : on peut gagner et ne pas être beau. Ça n’enlève pas la deuxième étoile, hein !
Il a un avis sur tout et (surtout) n’importe quoi
Le footix croit pouvoir évoquer tous les sujets et tous les acteurs. Confiant, il a même milité pour la présence dans la liste des 23 de Mathieu Debuchy aux dépens de Benjamin Pavard. Sans l’avoir vu jouer un seul match, le footix a affirmé que le pensionnaire de Stuttgart était moins bon que le Stéphanois et que Didier Deschamps, qui avait visionné toutes les prestations du jeunot, n’y comprenait rien. Sauf que, sauf que…
Il a toujours raison
Un footix va dans le sens du vent et adore crier « je l’avais dit » même s’il ne l’avait pas dit du tout, voire avait affirmé le contraire. Évidemment, le footix savait, lui, que Benjamin Pavard était très fort avant que le Mondial ne débute. Il n’a jamais dit le contraire, voyons !
Il aime se distinguer
On vous jure, il n’emploie jamais de phrase toute faite et a ses idées bien à lui. Il est une sorte de dénicheur de nouveaux concepts, de nouvelles tendances, qu’il garde bien évidemment pour lui. L’arbitrage français est nul, les ultras c’est mal, la vidéo va hacher le rythme des matchs, il est temps qu’Aulas s’arrête, la Ligue 1 est jouée en septembre, la Coupe de la Ligue ne sert à rien… sont des pensées qu’il a eues avant tout le monde, mais qu’il a préféré ne pas divulguer.
Il a une vision du foot parasitée par les jeux vidéo
Le footix est complètement déformé à cause de « FIFA » ou « PES » (mais plus personne ne joue à ce dernier, donc disons plutôt « FIFA »). C’est un fait, « FIFA » est un gros jeu d’arcade pas réaliste du tout, et nul en plus, qui surdétermine les capacités physiques et de vitesse des joueurs. Résultat : il vaut mieux avoir dans sa team Romain Alessandrini plutôt que Lionel Messi, Tiémoué Bakayoko plutôt qu’Andres Iniesta, Mario Balotelli plutôt qu’Edinson Cavani… Les footix sont d’accords avec ça et pensent ensuite que, dans la réalité, un joueur rapide est forcément meilleur qu’un joueur lent. Hélas, mille fois hélas…
Il croit dur comme fer aux rumeurs de L’Equipe
Et en période de mercato, c’est carton plein dans les soirées ! Falcao au Real ? « C’est fait, je viens de le lire. » Drogba de retour à l’OM ? « Si, si, ils l’ont écrit. » Cristiano débarque au PSG ? « La vie de ma mère il a déjà signé. »
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