Pour un footballeur français, milieu offensif en particulier, l’ex-numéro 5 du Real Madrid représente un horizon à atteindre. Ses coups de génie, sa technique, sa vista vous ont ravis, et le reste de la France avec vous. Il est en réalité le seul joueur à avoir atteint –et probablement dépassé– Michel Platini dans le panthéon du foot hexagonal.
Le successeur, l’héritier, le nouveau Zidane… En réalité, un chat noir ?
Dans notre pays, on aime bien les seconds, les Raymond Poulidor, mais Zinédine Zidane en est un peu le contre-exemple. Lui qui a amené à la France sa première Coupe du Monde, avec un doublé face aux meilleurs de la discipline, est le numéro un. Pour un footeux biberonné aux exploits du Marseillais, être comparé à ZZ, c’est l’apogée. Mais dans les faits, cela signe bien souvent un arrêt de mort, un peu comme si une malédiction planait sur la suite de carrière.
Il y a eu une pelletée de « nouveaux Zidane », majoritairement désignés par les médias. Souvent, ces comparaisons se font de manière un peu superficielle. Le poste, évidemment, est primordial. Tous les joueurs que nous allons citer sont des meneurs de jeu. On ne poussera pas le bouchon jusqu’à dire qu’ils doivent avoir les cheveux très courts et des crampons Adidas, sinon ce bon vieux Laurent Batlles, dont la démarche sur un terrain évoquait une sorte de Zizou du pauvre, entrerait dans la discussion.
Les origines, aussi, jouent un rôle non négligeable. Mourad Meghni, franco-algérien comme Zinédine, peut en témoigner. Comparé extrêmement tôt (16 ans) au maître, alors qu’il évoluait dans les équipes de France de jeunes, il n’a même pas eu le temps de prouver ses capacités à un âge plus avancé, que ce soit en Serie A ou en Ligue 1.
Et encore moins dans les championnats qatariens et algériens, où il évolue parcimonieusement depuis 2011. Raymond Domenech, manifestement aussi bon en analyse qu’en demande en mariage, a dit de lui, en 2005, qu’il avait dans les pieds « plus de technique pure que Zidane ». Résultat ? Mourad Meghni n’a évolué que neuf fois sous le maillot de l’Algérie (pour lequel il avait opté par la suite), entre 2009 et 2010, et Estelle Denis n’a pas de bague au doigt.
De temps en temps, le lien est fait sur la base d’une performance peu répandue. C’est par exemple le cas pour Marvin Martin, double buteur pour sa première sélection avec les Bleus (tout comme ce satané Jacques Faivre dans les années 60, mais ça personne n’en parle !). Entré à la 76e minute contre l’Ukraine, alors que le score est de 1-1, l’ex-Sochalien déferle comme une tornade. 4-1 au final, avec deux buts et une passe D, MM fait aussi bien, voire mieux, que ZZ. Et puis ? Et puis aujourd’hui, à 30 ans, il évolue à Reims, en L2 (tout du moins jusqu’à la fin de l’exercice), avec 13 matchs au compteur et 5 passes décisives en championnat depuis… la saison 2013-2014. Statistiquement, une par année. Triste.
Du côté de Camel Meriem, franco-algérien également, qui a lui opté pour l’EDF, la comparaison est plus sournoise puisqu’initiée en 2004 par… Zizou lui-même. Lors de sa première retraite internationale, le Madrilène affirme souhaiter que le Bordelais, comme lui à ses débuts, « reprenne le flambeau ». Certes, il reprendra le numéro 10 de l’équipe de France lors de ses trois sélections, entre 2004 et 2005, mais pas grand-chose d’autre… Si ce n’est du rab de prestations moyennasses dans pas mal de clubs de L1 (OM, Monaco, Arles-Avignon, Nice).
Last but not least, Yoann Gourcuff, « l’héritier » comme avait un jour titré L’Équipe. À l’évidence le plus doué de tous, l’ex de l’AC Milan a acquis son statut de successeur grâce à de bonnes perfs répétées, notamment durant sa géniale saison 2008-2009 sous le maillot de Bordeaux. Le but sublimissime (oui, sublimissime) qu’il inscrit contre le PSG, en janvier 2009, laissait espérer bien plus qu’une carrière à la Abou Diaby.
Sous le poids de la comparaison, le Breton s’effondre mentalement et inspire plutôt, dès lors, un rapprochement avec Grand Corps Malade. Son outil de travail le freine dans son ascension. Durant les cinq saisons qu’il passera à l’OL, il ne jouera que 90 matchs de championnat, dont 23 dans leur intégralité, à cause des blessures. Il est peu de dire que c’est dommage tant, avec lui, on y a vraiment cru, au nouveau Zidane.
Enfin, de manière surprenante vous nous l’accorderez, Julien Faubert, numéro 10 des Bleus également passé par le Real Madrid, n’a jamais été comparé à Zizou. Avouez, lui, il l’aurait vraiment mérité, non ?
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