À défaut de s’illustrer balle au pied, c’est avec la justesse de sa voix que Michel Montana s’exprime le mieux. En l’espace de vingt ans, il est devenu une icône de l’institution PSG et s’inscrit, micro à la main, dans l’histoire du septuple champion de France.
En exclusivité, confidences et souvenirs du speaker du PSG
« MM » est un speaker à part, qui marque. À sa manière. Sans faire trembler les filets, mais en faisant vibrer le stade, par la force d’un timbre unique et d’une élocution distinctive. Passe D est allé interroger ce titi parisien haut en couleur, qui fait le lien entre les 11 joueurs rouge et bleu et le 12e homme du Parc des Princes.
Aujourd’hui, plus qu’une simple voix, vous êtes aussi l’âme du Parc. Comment êtes-vous devenu speaker du Paris Saint-Germain ?
Plutôt par hasard, j’ai rencontré la bonne personne au bon moment. Au début des années 1990, j’étais la voix de la chaîne Canal Jimmy, mais j’officiais également à la radio. J’ai croisé le programmateur musical du PSG lors d’un enregistrement, et nous nous sommes liés d’amitié, notamment autour du foot et du PSG, dont j’ai toujours été un fervent supporter. Il m’a proposé d’intervenir en tant que speaker remplaçant lorsque l’occasion se présenterait. J’ai donc débuté dès avril 1994 en doublure, puis en speaker officiel en 1998, à la suite de la Coupe du monde.
Et depuis, vous n’avez pas manqué une seule rencontre à domicile…
Non, pas une seule en Ligue 1. À une époque, il y avait un deuxième speaker pour les coupes. J’ai toujours été fidèle au poste. S’il m’arrivait parfois d’être un peu souffrant, je n’en ai jamais rien laissé paraître.
Le Parc votre bastion, et le PSG votre seul employeur, donc ?
Non, je ne suis pas sous contrat avec le club, mais uniquement pigiste. Le reste du temps, je suis comédien spécialisé dans les voix sur plusieurs types de format. Il peut s’agir de pubs, de reportages ou de documentaires. Je couvre énormément d’univers, du reportage sur la migration des gnous au fait divers. Autrement dit, il y a fort à parier que vous ayez pu m’entendre en dehors du Parc des Princes.
Votre panoplie semble complète. Avez-vous dû adapter votre voix pour le PSG ? Y a-t-il une recette ?
Ma voix est mon principal instrument de travail, et mon parcours m’a facilité la tâche. En plus d’avoir suivi des cours de comédie, j’ai exercé pour la radio et la télévision. Ceci dit, l’univers du stade est incomparable. La voix se perd, dans une enceinte sportive, à cause du mélange sonore qui y règne. Cela m’oblige à me saisir d’une approche vocale particulière. Et puis, naturellement, je me suis ajusté avec le temps. Chaque rencontre est un lieu d’exercice, qui me permet de peaufiner certains réglages.
Vous avez donc apporté votre propre touche.
Je dois suivre un conducteur précis, notamment vis-à-vis de la ligue pour les compositions d’équipes, par exemple ; mais aussi par rapport au club, en ce qui concerne les informations relatives au PSG. En dehors de ce cahier des charges, je dispose d’une liberté créative totale. Au fil du temps j’ai tenté d’amener ma griffe. En 2012, par exemple, avec l’arrivée de Zlatan, j’ai décidé de célébrer chaque but en répétant le prénom du joueur trois fois, sur le format d’une mécanique millimétrée. La première annonce s’effectue dans les graves, la deuxième en médium et la dernière dans les aigus. La communion avec les supporters en ressortait grandie, alors j’ai conservé cette méthode. Je n’ai rien inventé, d’ailleurs on m’avait même accusé de copier le speaker de Naples, alors que j’ignorais qu’il prenait la même option. Chacune de mes interventions doit être un échange utile et réciproque avec le public, à l’image du « Ici c’est… » en clôture de match. L’engouement autour de ce dernier traduit l’efficacité de mon travail. Si je ne perçois pas d’interaction avec les fans, je ne m’entête pas sur une idée.
Après tant d’années à officier pour le club, quel est votre plus beau souvenir ?
C’est une question difficile, j’y ai vécu tant de choses… Cela étant, la présentation de Neymar, l’an passé, n’a pas de commune mesure. Ce jour-là, j’ai perçu une joie communicative et une ferveur sans égale dans le regard de tous les supporters. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai véritablement réalisé la nouvelle dimension du PSG. La présentation de l’un des meilleurs joueurs du monde au Parc représentait des espoirs infinis et ouvrait définitivement la porte de tous les possibles.
Et votre plus gros soulagement ?
Ce n’est pas très original, mais le but d’Amara Diané contre Sochaux, lors de la dernière journée de la saison 2007/2008, restera gravé dans ma mémoire (le match se déroulait à l’extérieur, NDLR). C’était une période difficile et je pense que l’avenir du Paris Saint-Germain aurait pu prendre une tournure dramatique en cas de défaite. Nous sommes passés très près de la correctionnelle et, comme tout supporter, je serai éternellement reconnaissant à Amara Diané. Il a sauvé le club.
Weah, Rai, Ronaldinho, Pauleta, Ibra, Cavani… Vous avez vu défiler bon nombre de buteurs. Avez-vous un chouchou ?
Le club s’est construit avec beaucoup de joueurs iconiques et j’ai toujours eu énormément de plaisir à célébrer chacun d’entre eux. Entendre le Parc reprendre à l’unisson « Pedro Miguel… » pour fêter chaque but de l’Aigle des Açores était magique. Tout comme voir le public s’extasier devant Ibra. Mais j’ai une tendresse particulière pour « Edi » (Cavani, NDLR). C’est un joueur extraordinaire, qui claque but sur but, et qui est définitivement rentré dans l’histoire du club après avoir battu le record de Zlatan. Au-delà de ses qualités sportives, c’est une figure humaine d’exception.
Certains vous ont-ils donné des instructions pour annoncer leur but ?
Non. Je peux simplement vous indiquer qu’Edinson préfère qu’on annonce « El Matador ». Ce n’est pas une exigence, juste un souhait, c’est pourquoi je fais en sorte de l’exaucer. En mai dernier, à l’occasion de la remise du trophée de champion de France, je souhaitais faire une vidéo avec lui, sur la pelouse du Parc. N’ayant rien prémédité, et faute d’imagination, je l’ai présenté comme s’il venait de marquer. « El Matador… Edinson… » Lui, de façon très naturelle, il a répondu « Cavani ! » comme le fait le public. J’ai trouvé son attitude touchante. La vidéo a d’ailleurs suscité un buzz auquel je ne m’attendais pas.
Si le PSG veut concrétiser ses envies de grandeurs, il aura besoin de ses supporters. Que pensez-vous du retour des ultras ?
Je ne reviendrai pas sur les années noires, une enceinte sportive n’est pas un lieu de combat. Leur retour, depuis l’an passé, est un vrai bonheur et s’inscrit dans la dynamique de l’institution. Ils font partie de l’âme du PSG et leur apport est essentiel pour le club, mais aussi pour les joueurs. Le CUP (Collectif Ultras Paris, NDLR) est toujours derrière le club, il génère une ambiance incroyable.
Se coordonnent-ils avec vous pour faire vivre l’ambiance du Parc ?
Non, je ne vois jamais les ultras en amont d’un match, sauf si j’ai une information à leur transmettre. Si c’est le cas, je m’adresse au représentant du club, qui fait le lien avec le groupe de supporters. En réalité, je dirais qu’il existe un accord tacite. Ils ont leurs chants et je n’ai pas vocation à m’immiscer dans leur animation. De la même façon, ils respectent mon travail, et ce dès l’annonce des compositions. L’harmonie coule donc de source.
Un grand merci à Michel Montana et au PSG pour ce moment. Rendez-vous dès le 12 août pour vibrer à nouveau au son de la Voix royale du Parc des Princes.
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