Alors que les commémorations du débarquement de juin 1944 ont eu lieu hier, une question –certes subsidiaire– demeure, côté « ballon rond » : que s’est-il réellement passé, trente ans auparavant, durant cette trêve de Noël 1914, en plein front de la Première Guerre Mondiale ? On a entendu un peu tout et son contraire à propos de ce mythe. Match de football, match de n’importe quoi, un gigantesque pousse-ballon entre Britanniques et Allemands… Il apparaît au final que les deux armées ont bien disputé une rencontre de foot. Et même qu’à la fin, ce sont les Allemands qui ont gagné (3-2) !
Du cinéma aux instances du foot, l’histoire est relatée
Si cette histoire est longtemps restée au stade de légende, la découverte d’une lettre d’un soldat britannique, en 2012, est semble-t-il venue officialiser la chose. Il y aurait bien eu une partie de foot improvisée entre soldats alliés et allemands lors de la trêve de Noël 1914. Dans l’enfer des tranchées d’une guerre qui a tué plus de 17 millions de personnes, séparées par quelques dizaines de mètres seulement, les deux armées ont donc fraternisé, ce fameux 24 décembre 1914. Le temps d’échanger quelques chants de circonstance et de penser à autre chose, en se tirant la bourre autour d’une balle constituée d’une boîte de conserve. Et, surtout, de se réchauffer un peu…
Selon les témoignages et registres de l’époque, la victoire est donc revenue aux Allemands (3-2). Sans précision exacte sur le lieu de la rencontre (d’autant qu’il y en aurait eu plusieurs, sur différents endroits du front), on situe ça aux alentours de Warneton, commune des Hauts-de-France frontalière à sa quasi-homonyme wallonne, Comines-Warneton.
Du côté des instances, on ne s’embarrasse pas vraiment de la réalité historique. Au lieu-dit Saint-Yvon, au cœur des Flandres, les Britanniques ont déposé une croix, en 1999, concrétisant la partie et officialisant du même coup l’événement. La FIFA et l’UEFA ont quant à elles érigé un monument à Ypres, une ville belge à quelques kilomètres au nord. Le symbole compte plus que la réalité ! Et puisque l’histoire –au sens large, pas uniquement l’aspect footballistique– est belle, elle avait également fait l’objet d’un film, sorti en 2005 : Joyeux Noël.
Depuis les célébrations du centenaire, les reconstitutions intègrent ce match, disputé sur un terrain boueux et gelé, concrétisant la fraternisation de deux factions ennemies. Moins poétiques, plus pragmatiques, des soldats allemands et britanniques ont donc rejoué cette partie en 2014, à Aldershot, à une soixantaine de kilomètres de Londres. Cette fois-ci, les Allemands ont été battus 1-0…
Finalement, peu importe si on estime que les matchs de football entre combattants ont été très peu fréquents. Peu importe si l’exactitude des faits et des détails est difficilement démontrable. Peu importe les scores, peu importe que des boîtes de conserve entourées de chiffons servent de ballon. Si la trêve était davantage l’occasion de compter ses morts et de panser ses blessures, le principal est ailleurs, comme le confia le capitaine britannique, Keith Emmerson, à l’issue de la reconstitution d’Aldershot : « Le plus important est de croire en la magie de l’événement ! »
© Twitter listverse, ActuDirect – YouTube AP Archive