Alors que les Bleus ont outrageusement dominé le Pérou (1-0), le 21 juin, dans une Ekaterinbourg Arena vertigineusement modifiée, on vous a préparé un tour d’horizon des innovations insolites et des procédés les plus poussés dans les écrins footballistiques.
Pour les clubs –et les sponsors–, le foot n’est bien sûr plus qu’une affaire de ballon. Technologie, animations, contexte, stade en lui-même : l’expérience du spectateur doit être complète et divertissante. Et cette dernière est désormais au cœur des démarches marketing.
La technologie demeure l’un des principaux leviers pour l’amélioration de cette « matchday fan experience ». Et les start-up s’en mêlent… Digifood permet aux spectateurs de se faire livrer, à leur place, leur commande de boisson ou de sandwich. L’appli du Groupama Stadium, à Lyon, le propose également, ainsi que des replays d’actions, des stats, un programme de fidélité et la dématérialisation du billet. De l’assistanat éhonté pour votre vieux grand-père, dont la mémoire football s’est arrêtée aux poteaux carrés de Glasgow ; un confort appréciable pour les faibles fans que nous sommes.
Mais la technologie n’est qu’un gadget sans un spectacle au niveau. Et ce dernier ne doit pas dépendre d’une frappe en tribune de Nolan Roux ou d’un tout-droit de Maxwell Cornet. Là aussi, les clubs font en sorte que leurs spectateurs détournent le regard du terrain. Le 18 mars dernier, en marge d’un Nice-PSG exceptionnellement diffusé à 13 h pour les beaux yeux de la Chine, l’avant-match avait débuté à… 10 h : un espace détente, des murs d’escalade, de quoi taper une pétanque, écouter de la musique, sans parler de la délocalisation éphémère du plateau de « Téléfoot » et des animations post-match jusqu’à 17 h. Bref, une véritable journée 100 % foot à vivre au stade, avec papa, maman, grand-papy et les marmots.
Quant au TFC, pour accueillir le PSG, il avait trouvé le moyen d’amuser ses gradins à la mi-temps avec une trollcam. Une façon de se moquer gentiment des supporters parisiens ayant envahi le Stadium.
Le contexte dans lequel le spectateur assiste à une rencontre permet lui aussi des opérations originales. Au Danemark, le HIK, fier étendard de la petite bourgade d’Hobro, à deux pas d’une forteresse viking, a offert une drôle d’expérience à quatre de ses fans lors du big match face au FC Copenhague : en plein hiver scandinave, ces braves ont pu suivre le match au bord du terrain… bien au chaud dans un Jacuzzi.
Même son de cloche du côté de Jacksonville, en Floride, mais en version un peu plus tropicale. Pour un amical entre Fulham et DC United, à l’été 2014, les Jaguars (une équipe de NFL, à la base) et leur milliardaire de proprio pakistano-américain, Shahid Khan, avait mis à dispo leur EverBank Field. Piscine comprise.
Dans un autre genre, plus bobo, moins déglingo, le LOSC a créé « Le Rooftop by LOSC », une terrasse avec vue imprenable sur tout Pierre-Mauroy. Il y a le match, évidemment, comme face à l’OL le jour du lancement de ce concept, en février dernier ; mais aussi DJ, boissons, cadeaux…
Avec son Canapé, PMU a également permis à quelques privilégiés de se créer des souvenirs inoubliables, aux premières loges pour le show…
Idem avec La Nacelle, toujours du Pari mutuel urbain, perchée à 45 mètres au-dessus de la pelouse et garnie de quatre chanceux, de petits fours, de boissons…
De la soirée branchée à la nuit sportive, il n’y a qu’un pas, que le Bayern Munich a déjà franchi. Comme chez le Real Madrid, il sera bientôt possible de suivre un match de foot à l’Allianz Arena… du fond de son lit, bien au chaud dans sa chambre. En partenariat avec les hôtels Courtyard by Marriott, le club bavarois va effectivement proposer des suites avec panorama sur le terrain. Une expérience qui rappelle l’opération d’AccorHotels, partenaire de la FFF, qui envoyait des fans de dormir à Clairefontaine en marge d’un rassemblement des Bleus, l’an passé. Les élus avaient été accueillis par Didier Deschamps en personne !
Enfin, l’expérience du spectateur, un jour de match, est conditionnée par le lieu-même où se déroule la rencontre : le stade. Difficile de vendre du sexy lorsque le bâtiment est un bloc de béton plutôt moche et vétuste. Alors, on modernise et on offre une identité à la structure : le Nid d’Oiseau, à Pékin, en est un bon exemple. Tout comme le nouveau joyau de Bursaspor. Ce club turc a fait ériger un stade en forme de crocodile… Rien que pour la curiosité, on aurait envie de jeter un œil dans sa gueule grande ouverte.
Mais c’est bien la tendance écologique qui revient de plus en plus lors de la construction des enceintes. Un stade en bois, comme chez les Forest Green Rovers, club anglais séculaire en quatrième division… Un autre, l’Estadio Akron, près de Guadalajara, Mexique, qui semble sortir de terre, ses murs recouverts de pelouse, recyclant les eaux de pluie et tournant à l’énergie éolienne. Ou encore le stade Janguito Malucelli, au Brésil, 100 % écoresponsable et bâti sans béton.
Bon, parfois on en est bien loin, comme à Ekaterinbourg, donc, voire en Afrique du Sud, avec le Mmabatho Stadium. On vous laisse admirer…
La conclusion de tout ça ? On la laisse à Boris Helleu, maître de conférences à l’Université de Caen Normandie : « L’organisateur est amené à optimiser la qualité de services périphériques pour que, même en cas de défaite, le public soit fidélisé. » Avouez, ça donne quand même un peu envie d’être fidèle !
Illustration : l’opération d’Airbnb « A Night At Maracaña », à Rio, au Brésil, organisée en 2015, en préambule d’un match Flamengo-Fluminense.
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