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L’interview de Pasacal Elbaz, un des plus gros agents de joueurs français

J’ai rendez-vous avec Pascal Elbaz dans un café cosy à Neuilly. J’ai voulu en savoir plus sur le métier d’agent de joueurs. Après notre discussion, j’ai réalisé que j’avais mal compris son rôle. Pour moi, il s’agissait d’un métier « vicieux » qui rime avec commissions, magouilles et opportunités. J’ai découvert qu’en réalité, la qualité première d’un agent, c’est d’être humain et prendre soin de ses poulains pour les aider à grandir. On parle du métier d’agent, de l’évolution de certains joueurs et aussi du PSG.

Interview exclusive de Pascal Elbaz

 

Je fais la connaissance de Pascal, la trentaine, bien sapé. Il me dit qu’il ne pourra pas s’éterniser parce qu’il doit enchaîner sur un rendez-vous avec les parents d’un de ses jeunes protégés. Il m’offre à boire et on commence à discuter.

 

Passe D. Salut Pascal, merci de prendre du temps pour nous. On est super-content de pouvoir te rencontrer et d’en savoir plus sur ce métier qui fait rêver beaucoup de fans de foot. Tu peux nous expliquer comment t’es devenu agent de joueurs ?

Pascal Elbaz. Bonjour Passe D, plaisir partagé ! Déjà, pour devenir agent de joueurs, c’est mieux de passer une licence auprès de la FFF, afin d’avoir une crédibilité et de pouvoir signer les contrats soi-même. En France, on n’est pas très nombreux à exercer, il y a environ 400 licenciés, mais seulement une cinquantaine qui sont vraiment en activité.

J’ai démarré en entraînant une équipe du 93 avec un ami qui m’avait demandé de l’aider. Parallèlement, je côtoyais des présidents et des dirigeants de clubs professionnels, ce qui m’avait permis de m’introduire dans le milieu du foot. J’étais également étudiant en droit. Pouvoir lier mes études à ma passion pour le football est vite devenu une évidence.

En mai 2010, je me suis retrouvé diplômé de la FFF. Deux mois plus tard je commençais à placer les joueurs que j’avais repérés dans différents clubs. Ça a démarré assez vite. De fil en aiguille, j’ai signé des footballeurs pros et je suis passé du national à l’international plutôt rapidement.

 

Passe D. En effet on pourrait croire que c’était ta destinée. Tu gères combien de joueurs en ce moment ?

P. E. Là, avec mes associés, on gère environ soixante joueurs, pour la plupart en Ligue 1, comme Jean-Philippe Mateta, Valentin Rongier ou Adrien Tameze, qui vient d’ailleurs de signer à Nice récemment. Si Jean Michaël Seri est amené à quitter l’OGCN l’année prochaine, on espère par exemple qu’Adrien prendra encore plus d’ampleur dans le club.

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Passe D. Comment t’arrives à détecter les talents ?

P. E. Je fais confiance à mon œil. Mais en général, on sent leur potentiel assez vite. Je regarde leur toucher de balle, leur profil, les courses, les déplacements qu’ils font et ça me donne des indices sur leurs chances de percer en pro. Après, il n’y a pas que le talent qui est important, on doit aussi s’assurer qu’ils ont une bonne attitude et le mental pour jouer au plus haut niveau.

 

Passe D. Si tu avais eu l’opportunité de signer un joueur comme Ben Arfa quand il était plus jeune, tu l’aurais pris ?

P. E. Je l’aurais signé parce qu’il était super-talentueux, mais je n’aurais pas du tout fonctionné de la même façon avec lui. Il a mis en retrait ses parents et a peut-être été un peu trop influencé, ce qui ne lui a jamais permis de prendre la bonne direction ni de se remettre en question. Un bon agent doit être présent pendant les matchs, les entraînements et doit beaucoup communiquer avec ses joueurs. On doit être là pour les aider à comprendre les raisons de certains passages à vide, afin qu’ils les surmontent. On est vraiment au courant de tout ce qui se passe dans le club. Même si le joueur ne peut pas nous parler de tout, on sait tout de suite cerner ce qui ne va pas.

 

Passe D. Un agent a le droit de supporter une équipe de foot ?

P. E. Bien sûr, pourquoi pas ? J’ai une approche différente du football parce que c’est mon métier. Mais je suis de Paris, j’ai donc tendance à aimer le PSG. Quand je croise un joueur, ça ne va pas me faire le même effet qu’à un fan de foot, c’est mon quotidien.

 

Passe D. Un agent gagne une commission uniquement à la revente d’un joueur ?

P. E. Non, en général il ne gagne pas d’argent sur le prix du transfert. On est payés sur la base du salaire du joueur, on s’occupe aussi des partenariats avec les marques et, quand ils sont au plus haut niveau, on les accompagne sur la gestion de leur patrimoine.

 

Passe D. Tu penses que c’est important, pour un joueur, d’avoir beaucoup de followers sur les réseaux ?

P. E. C’est devenu important et ça peut parfois faire augmenter sa cote de popularité, et donc sa valorisation. Mais attention, être influent peut aussi être dangereux pour celui qui ne maîtrise pas tous les codes ou qui poste un peu trop de contenu. Surtout si les résultats ne sont pas au rendez-vous… On doit donc faire très attention à l’image qu’il dégage.

 

Passe D. Puisque t’es supporter du PSG, selon toi, pourquoi ils n’ont pas réussi à faire ce qu’il fallait contre le Real ?

P. E. C’est un tout, le PSG n’est pas encore au niveau des grosses équipes européennes. Il leur manque de l’expérience dans les grands matchs. Les latéraux sont en difficulté quand ils doivent défendre, la charnière centrale est parfois instable. Les gardiens ont été remis en cause à ce niveau. On n’avait pas de garantie sur la sentinelle. Pour finir, je pense que le coach a fait des erreurs sur son management lors de la double confrontation contre le Real. Il s’est peut-être dit que l’année prochaine il ne serait plus là, alors il a voulu mourir avec ses idées.

 

Passe D. D’après toi, Verratti doit-il prolonger au PSG ?

P. E. Je pense qu’il a encore beaucoup de progrès à faire et qu’il peut les faire à Paris. S’il va dans une autre équipe avec la même mentalité, il ne pourra pas évoluer. Il lui reste encore une marche à gravir avant de partir ; un numéro 8 doit marquer des buts et faire des passes décisives, le club l’a aussi engagé pour ça. Il suffit de regarder ses stats, il ne marque pas assez.

 

Passe D. Et Neymar, si c’était ton joueur et que tu avais une offre de 400M sur le bureau, de la part du Real, tu lui dirais quoi ?

P. E. Il faudrait déjà se demander si ça lui rendrait service de s’en aller. Pour moi, partir peut être interprété comme un échec pour lui. Regarde Messi, quand tu vois comment il a pris le match en main contre Chelsea… Je pense que tant que Neymar n’aura pas endossé son costume de patron, il aura du mal à avoir son ballon d’Or. Avec le Brésil, il arrive à porter l’équipe et en être le leader. À lui de l’être au PSG.

 

Passe D. C’est quoi le prochain gros coup sur le marché des transferts, à ton avis ?

P. E. Je pense que Pogba ne va pas rester à United très longtemps si la situation persiste avec le coach. À 120 millions d’euros, les gens attendent autre chose de lui.

 

Passe D. Question musique, c’est quoi le son que tu kiffes en ce moment ?

P. E. Ces temps-ci j’adore écouter Say Something, de Justin Timberlake.

 

Passe D. Tes marques de fringues préférées ?

P. E. Je suis assez classique, je dirais Zara ou Massimo Dutti et quelques marques de luxe. Je n’aime pas trop les fringues avec le nom de la marque écrit en énorme, par exemple. Peut-être parce que je ne suis pas joueur mais agent… (Rires.)

 

Passe D. Merci beaucoup pour ton temps. Où est-ce qu’on peut te suivre ?

P. E. Merci à vous, c’était un plaisir. N’hésitez pas à me suivre sur Instagram.

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