Netflix, cette source inépuisable de programmes chronophages… Avec du bon, et évidemment du moins bon. Les productions en rapport avec le football, pas si pléthoriques que ça, n’y dérogent pas. On a tout regardé et, pour l’occasion, on vous dresse un petit listing qui vous évitera peut-être de perdre votre temps. Ou, au contraire, qui vous permettra de passer un bon moment. Premier volet avec les films et les séries.
Avec les films et séries foot, sur Netflix, y en aura pas pour tout le monde
On mate
« Été 1992 »
Un film de 2015 sur cette totale incongruité de l’Euro 92 (pour rappel aux plus jeunes, la victoire du Danemark à la compét’, chez le voisin suédois). On se replonge dans cette magnifique époque du siècle dernier, celle où on filmait encore dans les douches, où le régime clopes, bières et McDo répondait au combo moustache/permanente. C’était aussi l’occasion de se familiariser avec les premières WAGs, au look associé des nineties. Quoi qu’il en soit, on est conquis dès le début en découvrant l’interprète de Peter Schmeichel (Gustav Dyekjaer Giese), un golgoth en mode Billy Idol x Iceman. Et le plaisir est tout aussi grand de revoir des images (archives réelles) de gars comme Brolin, Canto, Papin, Rijkaard, Ronald Koeman… Mais dans Été 1992, il n’y a pas que cette poudre aux yeux. La trame s’organise autour du boulot du coach Richard Møller Nielsen, partagé entre son pragmatisme à toute épreuve et le romantisme des beaux gosses Laudrup, notamment. Les parallèles avec l’équipe du Mondial 2018 sautent à l’esprit. Mais en 1992, au moins, il y avait eu le résultat au bout.
« Shaolin Soccer »
Là, c’est le grand écart avec le côté plutôt policé de la production ci-dessus. Certes, Shaolin Soccer commence à dater un peu (2002). Mais comme on vous l’a dit, il n’y a pas non plus des dizaines de choix sur la plateforme. Peu importe, on touche ici au film mythique. Dans la mouvance de Tigre et Dragon, sorti peu de temps auparavant, et précurseur de Crazy Kung-Fu (mais aussi, malheureusement, de Shaolin Basket…), cette légendaire œuvre comico-fantastico-« sportive » fait tout sauf se prendre au sérieux. Ce serait un peu comme les meilleures heures de Jackie Chan transposées dans Olive et Tom. O.K., il y a bien quelques moments de solitude, récurrents dans le cinéma hongkongais, mais ils sont largement compensés par les bouffonneries de Stephen Chow (réalisateur + acteur) et de quelques-uns de ses étranges comparses. Quant aux effets spéciaux, ils ne sont ni de première jeunesse ni faits pour être réalistes, mais ils ont bien mieux vieilli que ceux de certains blockbusters portés aux nues.
« Club de Cuervos »
C’est en 2015 que la première saison (trois dispos à l’heure actuelle, la quatrième, peut-être la dernière, devrait débarquer d’ici à la fin de l’année) de cette série originale Netflix a été diffusée. Le pitch : un frère et sa demi-sœur héritent du club de leur père au moment où celui-ci décède. Presque un Empire version foot, en moins gangsta mais tout aussi fourbe. Ça ne paie pas de mine mais, au bout du compte, ça fonctionne. Tout ce qui gravite autour d’une institution est dépeint (influence des agents, politique, économie…) et généralement tourné en dérision, pour un résultat léger et distrayant. Mais la plus grande force de Club de Cuervos tient à ses acteurs, tous très bons. Citons les excellents Daniel Gimenez Cacho et Antonio de la Vega (déjà sublime dans El Chapo), vraiment les gueules de l’emploi ; les délicieuses Stephanie Cayo, Sofia Sisniega et Melissa Barrera ; et même, en guest, Rafael Marquez, instigateur d’un mouvement de syndicat des joueurs ! Un gros bonus pour la demande en mariage la plus mythique de l’histoire de la télé dans l’épisode 10 de la deuxième saison. On vous laisse la surprise…
On zappe
« Club de Cuervos : la ballade d’Hugo Sanchez »
À la différence de la production mère, ce spin off sur l’assistant du président des Corbeaux n’est pas une franche réussite. Le personnage d’Hugo Chavez, certes amusant à petite dose au milieu des autres acteurs du club, devient difficile à supporter lorsque toute l’action tourne autour de lui. Mou, gauche, chouineur… Le manager par intérim des Cuervos de Nuevo Toledo a du mal à nous contenter, tout comme son équipe. Heureusement, ce n’est qu’un 6 x 30 minutes, et quelques-uns des joueurs, déjà connus, relèvent un peu le niveau.
« La Sainte Équipe »
Pouah… Gênance absolue… Par chance, ce « film » espagnol dure à peine plus d’1h30. Ce serait une sorte de mélange entre un Shaolin Soccer (mais sans effets spéciaux et sans Shaolin) et le Super Nacho de Jack Black. Le jeu d’acteur est… improbable, le scénario digne d’un France-Danemark 2018, les dialogues pas meilleurs que ceux de Charlie Chaplin et l’humour à faire passer Adam Sandler pour un esthète. Bon, on vous dresse quand même le résumé : des moines (mais pas Shaolin, on vous l’a dit) vont se faire piquer leur monastère, pas assez rentable (sans blague). Un ancien joueur, qui a troqué les crampons pour la robe, souffle l’idée que le saint endroit pourrait être sauvé si les religieux remportent un tournoi de foot, au Vatican. La suite ? Non, on ne veut pas gâcher le suspense… Même si c’est peut-être déjà trop (1 min 47 s), on ne résiste pas à l’envie de vous montrer la bande-annonce (pourtant généralement les meilleurs passages d’un film).
« Africa United »
Alors attention, on ne valide pas ce film si vous le regardez tout seul (ou lors d’un Netflix en amoureux). Avec votre petit cousin, votre petite sœur ou toute autre personne de moins de 10 ans, ce serait une autre affaire. Les « grands », donc, passez votre chemin. Le périple de ces gamins rwandais à travers leur continent pour rallier la Coupe du monde 2010 s’accompagne de scènes mixant du Kirikou et du Wallace et Gromit. La musique est pas mal, les couleurs d’Afrique sont belles mais, au final, c’est très cucul pour quelqu’un qui attend autre chose que bons sentiments et degré de surprise supérieur à 0. Peut-être 1, soyons gentils. Comme le point ramené par les Bleus du Mondial sud-africain. Et en plus, ça nous rappelle de mauvais souvenirs, merci… Décidément, non, on ne peut vraiment pas, next !
« La Pena Maxima »
Un film colombiano-mexicain de 2018 à la sauce telenovela un peu bizarre. Le personnage central, barjot voire malsain, est surtout complètement imbuvable, ce qui ruine définitivement la chose. Ce monsieur moustachu est absolument dingo de son équipe nationale (le Mexique) et organise toute sa vie, jusqu’à l’extrême, en fonction des matchs d’« El Tri ». Au moins, les noms des joueurs sont réels (et actuels). Mais il n’y a aucun suspense, les résultats (réels aussi) étant déjà connus (les éliminatoires du Mondial, par exemple). Ni aucun rebondissement, d’ailleurs, ce qui fait qu’on arrive à s’ennuyer (quand on n’est pas exaspérés par l’excité aux bacchantes d’ébène), alors même que La Pena Maxima ne dure que 1h30…
« 21 Thunder »
Les (més)aventures des protagonistes de l’équipe U21 du Thunder de Montréal. On est bien loin de la superproduction, et pas très loin de la série B. Et ce n’est pas une question de budget… Le décor ? Plutôt cheap, le banc de touche rappelant furieusement la buvette de la pétanque du dimanche. Les joueurs ? Junior Lolo, en apparence un peu meilleur qu’Igor Lolo, ou encore Nolan Gallard, parfois moins bon que Nolan Roux, font partie des « stars ». L’entraînement ? Sur les séances de coups francs, le gardien est encore plus tragique que ceux dans les apps sur mobile. Les diffusions des matchs à la télé ? Avec des gros plans style pub Kamol. Le coach ? Le rejeton flippant de Randy Couture et Billy Zane. Les commentaires ? « Une écrasante défaite » par 3 buts à 2… La B.O. est correcte mais ne rattrape pas cet Original Netflix d’1 saison (pour l’instant), aux accents de Femmes de footballeurs version Les Frères Scott.
« L’homme c’est elle »
Hum, hum. Nous implorons votre clémence pour avoir visionné cette œuvre (2006). Mais c’était pour le bien de l’article et, à notre décharge, sachez que le film est apprécié à 97 % sur Netflix… Bref. On commence à s’éloigner du football, mais qu’importe, nous savons rester pros. Et vous n’allez pas le regretter, rien qu’à la lecture du scénario (le titre faisait déjà son petit effet bien sûr) : une jeune Américaine, joueuse de soccer, ne peut plus exercer cette dévorante passion car son équipe est dissoute. Elle a un frère jumeau qui, parti à l’étranger, a planté son école. Ni une ni deux, elle a la très logique idée de se déguiser en lui pour rejoindre l’escouade tout à fait masculine de cet établissement. Forcément, elle dort dans les chambres des gars, doit prendre des douches après les parties, tout ça tout ça. En découlent des situations très inconvenantes avec Channing Tatum. Pour résumer, un teen movie avec les clichés que cela induit inévitablement, du coiffeur gay à la bande-son esprit Avril Lavigne, et des petites pépées en tenue de sport aux ados qui braillent dans la tradition Disney Channel. Justement, l’héroïne, Amanda Bynes, est un pur produit de l’usine à champions Nickelodeon. Un rayon de soleil, toutefois : la présence de l’exquise Jessica Lucas… et de Vinnie Jones (oui, oui), en coach gueulard.
Prochaine partie, plus fournie, sur les documentaires foot, qui foisonnent sur la plateforme. Promis, on aura du bon ! Et du moins bon…
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