Alors que Manchester United, moribond sous ses ordres, retrouve des couleurs sans lui, le Special One, sans club, est devenu consultant, comme un vulgaire Pascal Dupraz. Depuis 2010, José Mourinho a toujours quitté ses clubs successifs sur un sentiment d’échec.
Mais que lui arrive-t-il ?
« Dans cette pièce, c’est le putain de chef, le putain de patron ». Cette phrase, lâchée en 2011 en conf’ par un Pep Guardiola très agacé, indiquait ce qu’était en train de devenir José Mourinho : le roi de la phrase assassine et de la guerre des nerfs dans les médias. Si la tension entre les deux coachs était alors à son comble, avec pour climax un doigt dans l’œil de l’adjoint de Pep Tito Vilanova, il est aujourd’hui acquis que le modèle incarné par l’Espagnol a supplanté celui du Portugais. Défensif sur le terrain, arrogant devant la presse, en conflit permanent avec ses joueurs – Iker Casillas, Bastian Schweinsteiger, Paul Pogba, Wayne Rooney, Anthony Martial… -, José Mourinho agace plus qu’il ne provoque l’admiration, de surcroît quand il n’atteint pas ses objectifs : dans chacun de ses clubs, la Ligue des Champions.
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S’il loue son palmarès à tout bout de champ, se vantant d’avoir gagné partout où il est passé – ce qui est vrai -, José Mourinho a cependant clairement perdu de sa superbe depuis son départ en fanfare de l’Inter en 2010, sur un triplé historique, dont une Ligue des Champions acquise après avoir sorti le Barça de Pep Guardiola en demi. Ca date d’il y a neuf ans, soit une éternité. Depuis ? C’est la dégringolade.
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L’arrivée de José Mourinho au Real Madrid devait pourtant marquer l’apogée de sa carrière. Imaginez : un mec surdoué et séduisant, capable de gagner la Ligue des Champions avec le FC Porto et l’Inter, et de faire chialer Marco Materrazzi, qui débarque dans le plus grand club de la planète, lequel compte dans ses rangs le deuxième meilleur joueur du monde – oui, vous avez bien lu. Cette aventure dans la capitale espagnole a été en fait le début de la fin.
Le choc, d’abord. Pour son premier Clasico, José Mourinho subit la plus grande défaite, et assurément la plus grande humiliation, de sa carrière d’entraîneur. Une fessée 5-0 face à la nouvelle star montante des bancs de touche, Pep Guardiola, marque à vif le Special One, et l’affront ne sera pas lavé à la fin de la même saison, lorsque la Maison Blanche glane la Coupe du Roi devant les Barcelonais. Ni l’année d’après, quand le Real est champion avec 100 points – le Mou s’en vante mais qui s’en souvient, honnêtement ? Derrière les Catalans en Liga durant deux des trois saisons qu’il passe au club, José Mourinho se fait surtout remarquer par la violence de son équipe – n’est-ce pas Pepe ? – et par l’ambiance « surréaliste » et pleine de « haine », selon Andres Iniesta, qu’il instille durant les Clasicos.
Obsédé par son rival Pep Guardiola, et par le Barça, José Mourinho fait du Real une formation peu aimable malgré les joueurs techniques qui la composent. Le Portugais se démarque même à coup de déclarations tapageuses, notamment sur la « honte » qu’il a de voir le Barça gagner en Ligue des Champions grâce aux arbitres. En 2013, Florentino Pérez arrête les frais. Puis le club gagne quatre LDC en cinq ans…
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Le Special One, qui semble avoir échoué au Real Madrid, retourne en 2013 avec son ex, Chelsea. Ce qui n’est jamais une très bonne idée. Si, comme avec le club espagnol, l’idylle se concrétise par un titre en championnat lors de sa deuxième saison, la troisième est plus que difficile. Chez José, l’amour ne dure même pas trois ans : décembre 2015, le Mou se fait licencier comme un malpropre en tant que… 16e de Premier League.
Habile communiquant, le Special One, de moins en moins spécial, parvient tout de même à préserver sa réputation et pécho Manchester United en 2016. Orphelin d’Alex Ferguson depuis trois ans, le club est ramené en Ligue des Champions par le Portugais. Qui récupère au passage un titre – la Ligue Europa –, malgré un jeu très peu enthousiasmant, même pour ses propres joueurs, dont Paul Pogba, avec qui il sera en conflit ouvert. Mais surtout, José Mourinho termine deux saisons derrière Pep Guardiola en Premier League : 6e puis 2e… à 19 points des Citizens. Un gouffre.
Et c’est bien ça, dorénavant, qui sépare l’arrogant et défensif Portugais du très emballant Espagnol.
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