En 2016, Dimitri Payet apparaît en juin de la même année en couv’ du magazine Society en tant que « Président », et est 17e au Ballon d’Or, avec le même pourcentage de voix que Toni Kroos et Luka Modric, alors champions d’Europe avec le Real Madrid
Un joueur parfois brillant, souvent intermittent. En somme : inconstant
En 2016, Dimitri Payet apparaît en juin de la même année en couv’ du magazine Society en tant que « Président », et est 17e au Ballon d’Or, avec le même pourcentage de voix que Toni Kroos et Luka Modric, alors champions d’Europe avec le Real Madrid. Début 2019, le capitaine de l’OM revient de blessure, passe quelques matchs sur le banc et tout le monde se demande si l’équipe n’est en fait pas meilleure sans lui… Cela dit tout de ce joueur parfois brillant, souvent intermittent. En somme : inconstant.
En pleurs, Dimitri Payet quitte la pelouse du Groupama Stadium, dès la 30e minute de jeu, le 16 mai 2018. Incertain avant la rencontre, le capitaine, finalement blessé à la cuisse, laisse ses coéquipiers se débattre face à l’Atlético Madrid, qui mène déjà 1-0. Pressentant certainement la défaite – un net et sans bavure 3-0 -, surtout après avoir vu Valère Zermain rater les cages au point de peno après une lumineuse passe de sa part, Dimitri Payet sait aussi et surtout qu’il va louper la Coupe du Monde 2018 avec les Bleus, dont Didier Deschamps doit annonce la liste deux jours plus tard.
Après une année exceptionnelle avec l’OM, le meneur de jeu, 30 ans, comprend qu’il perd tout d’un seul coup : une finale européenne avec Marseille ainsi que sa dernière chance de participer à une compétition internationale avec l’équipe de France. La cruauté ultime veut que la nation soit évidemment championne du monde en son absence, alors qu’il semblait désigner pour être le remplaçant d’Antoine Griezmann durant le Mondial, rôle finalement dévolu à Nabil Fekir, auteur d’une saison un peu moins aboutie que la sienne – équivalente en stats, mais le parcours européen de Marseille, où il a été prépondérant, le faisait partir avec un avantage. Si on ne sait pas si l’histoire aurait été la même avec sa présence dans le groupe, on constate surtout que Dimitri Payet ne garnit pas son palmarès totalement vide, lui qui était par contre titulaire lors de la défaite des Bleus en finale de l’Euro 2016. D’autant qu’il avait tout fait pour le remplir, ce palmarès, en blessant Cristiano Ronaldo en première période avec une béquille bien sentie. Il aurait été plus inspiré d’aller sur le banc du Portugal et d’en foutre une au remplaçant Eder…
Si Dimitri porte l’un des noms les plus communs – avec Hoarau ou Grondin – de son île natale, la Réunion, son talent, lui, est tout de suite perçu comme exceptionnel. Malgré un passage infructueux en métropole au centre de formation du Havre, Dimitri Payet rejoint finalement Nantes après un retour sur son île, qui lui permet de briller un an avec l’AS Excelsior, dans le championnat réunionnais, à 16 ans.
Au centre de formation des Canaris, il devient même l’un des quatre héros du docu’ d’Arte, L’Académie du foot. Une sorte d’A la Clairefontaine de Canal+, mais sans les embrouilles entre Abou Diaby et Hatem Ben Arfa pour déterminer qui va le plus rater sa prometteuse carrière. Plus arty, Arte oblige, ce docu en plusieurs épisodes voit plutôt le jeune Dimitri, tout mono-sourcil dehors, plier du linge dans un magasin de vêtements pour un stage scolaire, en étant aussi à l’aise dans l’exercice qu’au début de sa prise du capitanat à l’OM, quand on se demandait qui pouvait être motivé par ses discours peu charismatiques dans le vestiaire avant les matchs.
Le Réunionnais se dévoile à Nantes, mais se fait surtout remarquer durant quatre saisons à l’ASSE, où la première année est… complètement ratée – 0 but et 2 passes décisive en 32 matchs. Dans le Forez, Payet claque évidemment quelques buts – 25 – et délivre quelques passes décisives – 22 –, en plus d’un coup de tête à Blaise Matuidi lors de l’avant-dernier match d’une saison pourrie de l’ASSE – 17e en 2009-2010. S’il n’a pas explosé le visage de Blaisou, qu’il côtoie ensuite en EDF, Dimitri Payet explose par contre à Lille lors de la saison 2012-2013, sa deuxième et dernière au club, où il claque 12 buts et délivre 12 passes en L1. L’OM, oubliant que le joueur a fait des pieds et des mains pour rejoindre le PSG en 2011, l’accueille pour 10 millions d’euros deux ans et demi plus tard. C’est dans le sud, sous les ordres d’un mec un peu « loco », que Dimitri Payet entre dans une nouvelle dimension.
Ailier de formation, utilisé généralement à gauche d’une attaque à trois, Dimitri Payet change de registre lors de sa deuxième saison marseillaise, après un premier exercice correct voire moyen, sous les ordres d’Elie Baup puis de José Anigo. Lequel le fait parfois évoluer… en milieu relayeur – qui est surpris que ce dernier se soit fait licencier du club Panionios GSS fin 2018, franchement ?
Marcelo Bielsa, à l’été 2014, rencontre Dimitri, qui a logiquement raté le Mondial 2014, et lui annonce qu’il ne va pas le « lâcher », voulant combattre ainsi l’inconstance que l’Argentin a repéré chez le joueur. Il lui découvre aussi des qualités de meneur de jeu, et le replace en numéro 10. Un poste qui fait exploser le niveau de Payet. « J’ai commencé à atteindre le haut niveau avec Bielsa » dira-t-il. A 27 ans, il était peut-être temps. A la fin de sa seule et unique saison sous les ordres d’El Loco, Dimitri Payet est crédité de 16 passes décisives en L1, à une unité du record absolu détenu par Marvin Martin – on l’a comparé à Zizou, mais l’ancien madrilène n’a jamais réussi cet exploit…
L’été meurtrier de l’OM en 2015, avec les départs conjoints d’André-Pierre Gignac, André Ayew, Florian Thauvin, Gianelli Imbula, Jérémy Morel ou encore Julien Fabri n’épargne pas Dimitri Payet, qui est vendu à West Ham pour 15 millions d’euros. Tardivement, Dimitri Payet réussit à effectuer deux saisons de suite de très haut niveau, conforme à son talent naturel. En Angleterre, il s’éclate, apparaît dans l’équipe type de la saison en Premier League, puis file à l’Euro 2016 où il claque des pions en match de poules – celui contre la Roumanie est tellement beau que ça le fait chialer à sa sortie du terrain. Avant de s’effondrer quand l’adversité augmente – Allemagne, Portugal. Il apparaît alors que l’Euro 2016 illustre sa carrière, faite de très haut et de bas.
A 29 ans, l’OM le rapatrie à prix d’or – 30 millions d’euros, 600 000 de salaire – pour être la tête de gondole du Champions Project de l’Américain Frank McCourt. Mais Dimitri, qui revient dans le sud en janvier 2017 gras comme un loukoum, après un bras de fer qui l’a écarté du groupe des Hammers, met longtemps à retrouver son niveau. Il marche sur l’eau lors de la deuxième partie de la saison 2017-2018, quand l’OM fait un parcours remarqué en Europa League, mais avant et après ça, le joueur inquiète par sa stérilité dans le jeu et par son inefficacité sur les coups de pied arrêtés, pourtant un de ses points forts. Capitaine du bateau olympien à la dérive dans la première partie de la saison 2018-2019, l’équipe retrouve des couleurs quand il se blesse puis qu’il s’assoie sur le banc, au côté d’Adil Rami, Rolando ou encore Luiz Gustavo…
Dans sa 32e année, Dimitri Payet est courtisé par la Chine et pourrait céder aux sirènes exotiques si son club ne participe pas à la Ligue des Champions, ce qui est plus probable que le contraire. Joueur élégant, auteur de buts sublimes, le Réunionnais a souffert tout au long de sa carrière d’une irrégularité chronique, encore plus visible dorénavant, où son statut d’international et d’égérie du projet olympien le met sous le feu des projecteurs et des critiques. S’il veut mettre les voiles de l’OM en étant vu comme un héros, Dimitri Payet devra redevenir le joueur impressionnant techniquement qu’il sait être et amener l’OM en C1. Parce que là, les espoirs de qualif’ reposent sur Florian Thauvin, Mario Balotelli et… Valère Germain. Ce dernier n’est pas une bille, mais c’est plutôt au capitaine, international français et joueur le plus cher de l’histoire du club d’assumer son statut et de montrer le chemin, non ?
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