Plus qu’un joueur, Éric Cantona est une légende du football. Véritable star outre-Manche, il a fait chanter La Marseillaise à des Anglais. Le King doit autant son statut d’icône à un parcours sportif impressionnant qu’à sa personnalité, tout en excès et coups de gueule (et de pied…). Si les Brit en sont fans, le public français est plus mitigé sur son cas. Le barbu ténébreux fête aujourd’hui ses 52 ans ; l’occasion de retracer son parcours hors norme truffé de péripéties et de phrases choc.
Génie ingérable, le phénix Cantona
revit en Angleterre
Formé à Auxerre, passé par Martigues, l’OM et Bordeaux, Cantona est très vite affublé de l’étiquette du gars ingérable, malgré son talent indéniable. Adepte de grandes envolées lyriques à la manière d’un Jean-Claude Van Damme, il est aussi régulièrement expulsé pour des tacles dangereux, souvent volontaires.
Durant ses huit saisons dans l’élite du football français, il alimente les chroniques par ses sorties médiatiques, dépassant plus d’une fois les limites du politiquement correct. Canto allume à tout va. Du « sac à merde » adressé à Henri Michel aux « idiots » de la commission de discipline, il conclut son parcours français par une annonce de départ en retraite. À 25 ans.
Revenu sur sa décision, il prend alors la direction de l’Angleterre, terre d’accueil fertile pour les grandes gueules et autres footeux instables. Lorsqu’il débarque à Leeds, en février 1992, le natif de Marseille traîne donc déjà une solide réputation de personnage un peu dérangé. Parallèlement revenu en grâce en équipe de France, sous l’égide de Michel Platini, il est champion dès sa première demi-saison avec les Peacocks.
Ce titre sonne somme le début de l’histoire d’amour entre Éric Cantona et l’Angleterre. Mais c’est à Manchester United, où il est transféré en novembre 1992, que la légende va véritablement s’écrire. Enchaînant les prestations de haut niveau, le « Frenchy » devient rapidement « King », toujours le menton haut et le col relevé. Côté comportement, rien de nouveau. Les suspensions s’enchaînent presque aussi vite que les buts. Insultes et coups de pied, entre dribbles et frappes en lucarne, les Anglais adorent.
Des broutilles par rapport à son coup d’éclat du 25 janvier 1995. L’image du Diable rouge sautant pied en avant sur un spectateur dans le public fait le tour du monde. L’affaire remonte même jusqu’au président Mitterrand, contacté par Guy Roux pour intervenir en faveur de son ancien protégé mué en Chuck Norris. Jugé en mars 1995, Cantona est d’abord condamné à de la prison ferme, avant que sa peine ne soit ramenée à 120 heures de travaux d’intérêt général et une suspension sportive de neuf mois. Un coup de sang qui sonne le glas de sa carrière internationale.
Ne pouvant terminer sur ce mauvais pas, le n° 7 fait son retour à Manchester fin 1995. Il raccroche définitivement les crampons un an et demi plus tard, à seulement 30 ans, au grand regret des fans et des tabloïds britanniques.
Sa retraite sportive ne mit pas fin à ses sorties médiatiques toujours très réjouissantes. Appel à provoquer la faillite des banques, vraie-fausse annonce de campagne pour la présidence de la République en 2012, talent incertain pour la peinture et carrière d’acteur en pointillés, Éric Cantona occupe toujours autant de place. Et ce n’est pas son bouquin de dessins, Mon carnet, sorti en 2017, dans lequel il dévoile ses « pensées », qui changera son image. Entre gribouilles et réflexions poétiques (« D’une pierre, deux couilles, rien à cacher, juste le cul qui gratte », etc.), le King livre une nouvelle fois le meilleur de lui-même…
Dieu vivant pour les Anglais (désigné joueur du siècle par les supporters de Manchester United), il est resté et reste, de ce côté-ci de la Manche, un personnage avant tout ingérable et une (trop) grande gueule. À l’image d’un certain Zlatan et de son PSG, peut-être que la France ne mérite pas Cantona. En tout cas, elle n’y était pas préparée.
Les royales punchlines du King…
Feu Henri Michel, son grand ami : « Je lisais un truc de Mickey Rourke, parce que c’est un gars que j’adore, qui disait que le mec qui s’occupe des Oscars est un sac à merde. Je pense qu’Henri Michel n’en est pas loin. »
Il est admiratif de Raymond : « Je crois que Raymond Domenech est l’entraîneur le plus nul du football français depuis Louis XVI. »
Son avis sur Knysna : « C’est une bonne chose que, finalement, ils rentrent à la maison parce que s’ils restaient une semaine de plus, ils se mangeraient entre eux. On a évité le cannibalisme et c’est bien. »
Vexé par une salle à moitié vide, il laisse un petit mot sur le Livre d’or du Théâtre d’Arcachon : « Public de merde, petits bourgeois. »
Quand il déclare sa flamme aux journalistes : « Si ça ne tenait qu’à moi, je vous pisserais au cul à tous. »
Et, finalement, quand il ouvre son cœur : « Je ne cherche ni à être aimé ni à être compris. Je cherche simplement à être moi-même ! »
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