Le grand n’importe quoi des numéros de maillot


Avant le 1 allait au gardien, le 2 et le 3 aux arrières excentrés, le 9 au buteur… Pourquoi ce n’est plus le cas aujourd’hui ? Cesc Fabregas l’a prouvé en débarquant à l’AS Monaco avec le 44 sur le dos : dorénavant, les numéros des joueurs de foot ne veulent plus rien dire.



Les numéro ne renseignent plus vraiment une position sur le terrain et n’ont aucune signification strictement liée au football.


Jusque dans les années 90, c’était bien le cas : les numéros, qui allaient de 1 à 11 pour les titulaires puis ainsi de suite pour les remplaçants, donnaient des indications plutôt claires :

  • Le 1 allait au gardien,
  • Le 2 et le 3 aux arrières excentrés
  • Le 9 au buteur…

Dorénavant, ces règles ont explosé et toutes les excentricités sont permises. D’ailleurs, spectateur de football français, si tu es nostalgique de ce temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, il te suffit de mater… la Coupe de France, où les numéros respectent la tradition et vont obligatoirement de 1 à 11 pour les titulaires. Mais il faut vouloir se la taper, la Coupe de France, avec des « affiches » comprenant Bergerac Périgord FC ou l’ASF Andrézieux-Bouthéon, tombeur de l’OM.

 

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L’OM avait d’ailleurs été humilié par l’Apollon Limassol en Ligue Europa cette saison. Pourquoi le préciser ? Car cette petite équipe reflète parfaitement le n’importe quoi général qui règne dorénavant dans l’univers du numéro de maillot : dans le groupe de 18 joueurs convoqués lors du match nul 2-2 contre l’OM à Chypre, le 4 octobre 2018, seulement trois avaient un numéro en-dessous du « 11 ».

La ligne d’attaque, elle, était composée du 99, du 77 et du 30. Pas étonnant que Jordan Amavi ait été à la rue tout le match : l’Olympien devait faire des calculs mentaux pour trouver le joueur à marquer.
Cette tendance à être inventif avec les numéros a pris son envol en Serie A : depuis le fameux et génial 1+8 d’Ivan Zamorano à l’Inter – parce que le 9 était sur les épaules de Ronaldo -, les joueurs sont complètement désinhibés. C’est particulièrement vrai à l’AS Rome, où après Francesco Totti, éternel n°10, vint le déluge : le Grec Kostas Manolas y porte le 44, le champion du monde Steven N’Zonzi le 42, les gardiens remplaçants le 83 et le 63 et Stephan El Shaarawy le 92.

Aleksandar Kolarov, lointain héritier de Sinisa Mihajlovic, porte comme ce dernier le 11, habituellement destiné à un joueur offensif. Bref, de l’excentricité aux quatre coins du terrain.

Mais est-ce que tout cela a encore un sens ?

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Ivan Zamorano 🇨🇱 💙🖤La MAGLIA 9 – Ne parlai con Moratti e Mazzola e concordammo per darla a Ronie, in un momento delicato per lui. Per me il 9 è stato sempre un numero importante, era la maglia di mio padre Luis. Così decisi di prendere la 18, mettendoci un + in mezzo, per ricordare a tutti che ero sempre un 9. Alla fine questa scelta mi ha dato più popolarità di quella che avrei avuto tenendo il mio numero. 💙🖤NOSTALGIA PURA💥 @bambam9oficial Noi ti amiamo ❤️#inter #amala #pazzainteramala #pazzainter #solointer #forzainter #fcinter #fcim #fcinternazionale #fcinter1908 #tbt #followforfollowback #followme #nostalgia #nostalgiainter #fifa #interisti #interforever #interishere #instafootball #goals #stories #memories #legend #cn69 #zamorano #bambam #chile #numeri

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On le concède, parfois oui, il y a une vraie raison derrière l’extravagance, et c’est souvent des hommages. Justin Kluivert, toujours à l’AS Rome, porte le 34. Habituel numéro du petit jeune du centre de formation qui rentre dans les derniers secondes d’un match complètement pourri avant de disparaître à jamais, c’est ici un hommage touchant à son ex-coéquipier de l’Ajax, Abdelhak Nouri, tombé dans le coma après un accident cardio-vasculaire en 2017.

En 2008, à sa signature au Milan AC, Ronaldinho avait lui pris le 80. Habitué au 10 du Barça, porté alors par le Ballon d’Or 2007 Kaka, le Brésilien avait choisi de faire référence à son année de naissance, 1980. Plus tard, à l’Atlético Mineiro et à Querétaro, au Mexique, le Brésilien portera le 49, sous une double signification : c’est à la fois l’année de naissance de sa mère, et un clin d’œil à un jeu brésilien, jogo do bicho, où le « 13 » (4+9) est capital.

David Beckham, à son arrivée au Real Madrid, a choisi le très anonyme numéro 23 comme clin d’œil au basketteur Michael Jordan. Et que dire de Zinédine Zidane, deux ans plus tôt ? Le 10 pris par le Portugais Luis Figo, notre Zizou national, encouragé par Florentino Pérez, qui ne voulait aucune extravagance, a coupé la poire en deux. En l’occurrence son fétiche 10, devenu 5, et qui est, originellement, le numéro du défenseur central qui découpe tout le monde. C’est pour cela qu’en 2006, à son arrivée à Arsenal, William Gallas, pas le plus technique des défenseurs, s’est symboliquement vengé en portant le numéro 10 de Zizou ?

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Néanmoins, même si nous n’en sommes dorénavant pas loin, il y a encore de la marge avant d’atteindre le dernier stade du n’importe quoi, qui adviendra quand le prix des joueurs sera affiché dans leur dos. Ou leur nombre de buts en carrière. Ce qui, on le parie, ne serait pas pour déplaire au Portugais Cristiano Ronaldo, Mr 400 buts en championnat…

 

End