Le débat est vieux, certes, et réapparaît régulièrement quand l’équipe de France perd, ou que les footballeurs de notre pays font des sorties de route, en termes de comportement. On leur rappelle alors leur « devoir d’exemplarité », surtout auprès de la jeunesse.
Passe D s’est à nouveau penché sur le sujet à la lumière d’un événement récent
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A un spectateur rennais qui l’insultait alors qu’il montait recevoir sa médaille du vaincu, lors de la finale de la Coupe de France le week-end dernier, Neymar lui a répondu avec une claque – ou était-ce un coup de poing ? Les médias généralistes, français ou non, ont évidemment condamné le geste, quand les anciens joueurs de foot – Gregory Coupet, Vikash Dhorasoo… – ont surtout pointé du doigt le fait que le Brésilien avait d’abord été provoqué.
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De son côté, Passe D n’applaudit évidemment pas quand un joueur frappe un spectateur, mais peut entendre qu’un compétiteur qui vient de perdre, de surcroît face au 11e de L1, ait du mal à accepter de se faire manquer de respect par un mec lambda dans les tribunes, et qu’il réagisse suite à cela. Une mauvaise réaction, à l’évidence. D’autant plus mauvaise que le joueur en question a critiqué en zone-mixte, juste après la rencontre et moins d’une heure après la claque, le comportement de ces jeunes coéquipiers. L’hôpital ne se foutrait-il pas un peu de la charité ?
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Dans le cas de Neymar, il est clair qu’il est rarement un exemple, hors compétences strictement footballistiques. Ici, on parle de l’homme qui se roule par terre sur cinquante mètres quand on le touche ou le tacle, qui passe son temps à faire le carnaval ou la fête dans son pays quand il est blessé, qui se tape des coupes de cheveux pas possibles, qui insulte puis provoque le licenciement d’un entraîneur quand celui-ci refuse de lui laisser tirer un penalty – à Santos, en 2008. Bref, Neymar, en particulier, n’est pas réellement un exemple. Mais les autres, alors ?
Les footballeurs, de manière générale, font évidemment rêver les plus jeunes, qui regardent leurs exploits sur les terrains en espérant faire de même, plus tard. Et dorénavant, grâce aux réseaux sociaux, peuvent les observer aussi en dehors, dans leur vie de tous les jours. En tant qu’icônes modernes qui incarnent des valeurs d’abnégation, de don de soi – au collectif -, de réussite, de travail et de talent, les footballeurs sont des exemples à suivre… sur le terrain. Là où leur talent premier, jouer au football, s’exprime dans sa quintessence. Evidemment que Lionel Messi, par ses dribbles, sa faculté à voir le jeu, à servir ses partenaires pour les faire marquer ou à se servir de ses partenaires pour marquer est un modèle footballistique à suivre. Idem pour Cristiano Ronaldo, un monstre de travail et d’abnégation qui par son caractère hors du commun entraîne avec lui une équipe entière, fait lever un stade et battre le cœur d’une nation, le Portugal.
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Il y a donc les footballeurs, d’une part, et les hommes, d’autre part. Si le footballeur Diego Maradona est admirable, l’homme l’est-il tout autant ? En dehors du terrain, les champions sont des humains – oui, oui, même Messi et CR7 sont humains -, et leur humanité leur fait faire des erreurs. Insulter son entraîneur devant un portable connecté à Periscope est une erreur, et Serge Aurier, l’ex-meilleur latéral droit du monde quand il était au PSG aujourd’hui en tribunes à Tottenham, l’a faite. Conduire en état d’ébriété est une erreur et le punk Hugo Lloris l’a fait. Allumer un feu d’artifice dans une salle de bains et Mario Balotelli l’a fait – selon lui, non, mais faut-il le croire ? Tirer au-dessus à trois mètres des cages est une erreur et Kostas Mitroglou l’a fait tous les week-ends en L1, pendant un an et demi. Frapper sa compagne est une grossière erreur et le joueur du Bayern Munich Kingsley Coman l’a fait. Même un champion du monde 2018 est passé par là, quelques mois avant le sacre – on parie d’ailleurs que vous ne le saviez pas, n’est-ce pas ? Normal, on a gagné la Coupe du Monde, les médias n’ont pas voulu casser l’ambiance en rappelant l’affaire, d’ailleurs passée un peu inaperçue. Et de notre point de vue, ils ont eu raison. Mais si la France avait été éliminé prématurément, ce défenseur aurait probablement eu les oreilles qui sifflent…
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Frapper un spectateur impoli est donc une erreur et Neymar l’a faite. Eric Cantona avant lui, aussi. Et on peut vous dire que la torgnole du Français était bien plus impressionnante que la pichenette de Neymar. Mais là n’est pas la question. Le fond du débat est de savoir si les footballeurs doivent être pris pour des modèles de comportement, alors que leur profession est de jouer au football ? Selon nous, et après tout ce que nous avons dit plus haut, non, pas vraiment. Si les hommes politiques, sensés représenter et incarner le peuple, n’arrivent pas à être des modèles de probité, ce qui devrait être le minimum, pourquoi exiger que des sportifs comme Kylian Mbappé, Florian Thauvin ou Anthony Martial le soit alors que leurs comportements hors-terrain ne devraient pas avoir l’importance parfois démesurée qu’on leur accorde ? S’ils sont des modèles, pour certains cas, c’est sur le terrain et uniquement là. Pas en dehors, où la morale, assénée par des gens qui devraient se regarder dans une glace avant de la donner, s’abat pourtant très régulièrement sur eux.
Gardons à l’esprit, surtout, que malgré les torgnoles et autres roulades, on peut évidemment admirer Neymar ou Eric Cantona ou Kingsley Coman. Voire, allez, Kostas Mitroglou – mais vous nous inquiétez si c’est le cas. Car s’ils sont également des hommes, ils sont avant tout des footballeurs.
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