Mardi, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe et a pris un peu tout le monde de court : le Real Madrid, aux abois, a réussi à convaincre celui qui a remporté trois Ligue des Champions de suite avec le club de revenir « à la maison », comme a dit Zizou lors de sa conf’ de présentation.
Mais est-ce une si bonne idée que ça pour notre idole nationale ?
Parti comme un héros, Zinédine Zidane revient comme le messie – avec un e, hein. Et non pas comme le pompier de service, puisque plus rien n’est à jouer cette saison. Ce qui est un net changement par rapport à son premier parachutage à la tête du club, en janvier 2016. L’ancien numéro 5 de la Maison Blanche pouvait encore gagner la Ligue des Champions lorsqu’il a remplacé Rafael Benitez, qui n’avait jamais réellement su prendre la mesure du club où il se trouvait et qui ne gagnait jamais contre les gros – enfin, sauf le PSG, mais est-ce un gros ? L’actuel coach de Newcastle n’avait par exemple pas voulu qualifier Cristiano Ronaldo de « meilleur joueur du monde » en conf’ de presse, ce qui est un crime de lèse-majesté, on le sait tous.
Zizou débarque donc comme une fleur pour sa première expérience de coach, et n’a aucune pression sur les épaules. Il fait quand même gagner une place à l’équipe en Liga – il la prend 3e, elle finit 2e -, et, évidemment, remporte la Ligue des Champions six mois après son arrivée, face à l’Atlético Madrid d’Antoine Griezmann. La deuxième saison est encore plus grandiose, puisque Zizou décroche une deuxième fois la Ligue des Champions, face à la Juventus, ainsi que la Liga. La troisième, et dernière, est plus incertaine, le club étant en difficulté lors de la première partie de la saison, ce qui l’empêche de récupérer la Liga. Mais pour la coupe d’Europe, pas de problème, et Liverpool en fait les frais – Mohamed Salah, grâce à Sergio Ramos, aussi.
Trois fois vainqueur de suite de la Ligue des Champions, une anomalie dans l’histoire de la compétition née en 1955, Zinédine Zidane a remporté 9 trophées en deux saisons et demi dans le club de son cœur. Qui dit mieux ? A l’été 2018, pensant qu’il ne peut plus gagner et évoquant une nécessité « de changement » pour le Real Madrid et pour le groupe de joueurs sous ses ordres depuis le début, et qui a très peu varié, la légende quitte le club de lui-même, après une mûre réflexion. Et donc pas sur un coup de tête. Zidane a retenu la leçon de 2006.
Sauf que sans lui, le Real Madrid est perdu. Sous les ordres de Julen Lopetegui, puis de Santiago Solari, l’effectif, en fin de cycle, à bout de souffle, vieillissant et en méforme, ne trouve plus le jus pour se surpasser. Humilié à domicile en très peu de temps par le Barça et l’Ajax Amsterdam, le Real Madrid est méconnaissable, et c’est cette formation que Zinédine Zidane récupère, alors qu’il a laissé le club au zénith l’été dernier. Au fond, le Français n’a aucun véritable intérêt personnel à revenir au Real, surtout qu’il a très peu de chances d’égaler ses performances passées. Le retour de Zizou sera nécessairement déceptif en regard de son exceptionnel premier passage, quand bien même il remporte à nouveau des trophées – ce qui risque d’arriver. Mais c’est peut-être cela, au fond, qui est véritablement excitant dans ce retour du roi.
Le premier travail de Zizou va être de jauger, durant cette fin de saison, le désir de chacun des joueurs de l’effectif de rester ou non au Real : Marcelo devrait vouloir rester ; Bale va désirer partir. Entre ses deux pôles, beaucoup de possibilités pour Toni Kroos, Luka Modric, Marco Asensio, Dani Ceballos, Mariano Diaz ou encore Keylor Navas. Le renouvellement de l’effectif, s’il ne sera pas aussi massif que ce que la presse suppose, risque tout de même d’être significatif, notamment en attaque et au milieu du terrain, dans le onze titulaire. Fort de son aura de triple vainqueur de la Ligue des Champions, récompensé par un nouveau salaire, plutôt énorme – 12 millions d’euros annuels -, Zinédine Zidane va a priori avoir un pouvoir décisionnel important sur le prochain mercato du Real, dont l’enveloppe semble immense, sans même compter les ventes – Gareth Bale devrait rapporter aux alentours de 100 millions d’euros.
Le Français, comme dans une partie rêvée du jeu Football Manager, va donc pouvoir dépenser sans compter sur le marché des transferts pour se bâtir un onze de rêve, et tenter de regagner des titres avec une équipe new look. Eden Hazard, Neymar, Paul Pogba, Kylian Mbappé, Christian Eriksen, Mauro Icardi, Harry Kane, Mohamed Salah, Eder Militão, Sadio Mané… Les noms des potentielles recrues madrilènes s’accumulent, sans qu’aucune n’apparaisse fondamentalement inatteignable. Oui, même le jeune attaquant français de 20 ans qui évolue au PSG. Si Zizou a des chances de ne pas s’égaler, il risque fort bien de se régaler, avec tous ses nouveaux joujoux. Le challenge est certes risqué, mais terriblement excitant. On comprend donc pourquoi Zidane a accepté de « revenir à la maison ».
Laissons le mot de la fin au grand perdant de cette décision, avec Gareth Bale : le Special One. « C’est parfait pour lui, pour le Real Madrid et pour moi. (…) Je n’ai jamais dit que ça me plairait de revenir ».
Beau joueur, ou beau menteur ?
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