Oui, Benedetto est un pari risqué

Le marché des transferts devient chaque année de plus en plus étonnant. Le mercato d’été 2019 ne déroge pas à la règle, entre transferts farfelues, indemnités hallucinantes et rumeurs foireuses. Naturellement, Passe D se pose beaucoup de questions durant cette période et a décidé de vous faire partager tout ça. Le sujet qui nous intéresse, en ce vendredi 2 août, est le suivant : oui, Benedetto est un pari risqué.



Après Mitroglou et Balotelli, place à Benedetto



Cet été, le fantasque Mario Balotelli s’en est allé, après ses six mois contrasté au club, et l’OM, comme d’habitude, a dû chercher un « grantattakant » sur le marché des transferts, c’est-à-dire un numéro 9 de standing, capable de porter l’attaque marseillaise sur ses épaules. Si André-Pierre Gignac, puis Michy Batshuayi, puis Bafetimbi Gomis ont successivement tenu le rôle, et de belle manière, ces dernières saisons, la perte du dernier, que l’OM n’a pas acheté après la fin de son prêt, à l’été 2017, a été une erreur stratégique importante, que le club paie depuis. Quelques noms se sont enchaînées, sur le front de l’attaque : Valère Germain ? Bon joueur, mais de complément, incapable d’évoluer seul en attaque quand l’adversité s’élève. Kostas Mitroglou ? Catastrophe industrielle qui, malgré des stats pouvant faire illusion – 13 buts en 30 matchs la première année -, va coûter beaucoup d’argent au club, qui n’en détient que 50% des droits. Mario Balotelli ? Efficace quand il est en forme, mais terriblement inconstant sur la durée – même courte, de six mois. Depuis deux saisons, Marseille se cherche donc désespérément un bon attaquant et a, semble-t-il, trouvé son bonheur pour ce mercato-ci : demain, et sauf retournement de situation, Dario Benedetto va – enfin ! – signer à l’OM, pour quatre saisons. Il portera vraisemblablement dans son dos le numéro 9, laissé vacant après la fin du contrat de Mario Balotelli, et aura la tâche, toujours un peu complexe à l’OM, d’enfiler les buts comme des perles en L1. Reste à savoir si le joueur argentin en a réellement la capacité, ce que son parcours depuis un an et demi tend… à démentir.

En novembre 2017, Dario Benedetto a subi une rupture du ligament croisé. Absent durant « 222 jours », selon Transfermarkt, le joueur argentin est revenu sur les terrains pour la saison suivante, celle qui vient de se finir, et n’a pas su retrouver le rythme qu’il avait auparavant, avec 5 buts en 21 rencontres, toutes compétitions confondues, dont seulement 2 en 15 matchs de championnat argentin. Des stats par exemple moins impressionnantes que celles de… Kostas Mitroglou – 13 buts lors de sa première saison à l’OM. De manière classique après ce genre de blessure, comme l’a prouvé, par exemple, le cas Radamel Falcao, Dario Benedetto a eu du mal à retrouver le chemin des filets… mais également du terrain. Depuis son retour en juillet 2018, après sa rupture du ligament, l’international argentin (4 sélections) a été blessé trois fois – tendon d’achille, claquage, entorse. Et même quatre, si on compte sa récente blessure, cependant un peu mystérieuse, et qui pourrait être diplomatique pour favoriser son transfert à l’OM. Le club phocéen achète donc un joueur qui sort d’une grave blessure, n’a pas trouvé la pleine possession de ses moyens physiques, ni la confiance totale pour planter des buts, comme il le faisait brillamment à Boca avant sa blessure.

Autre motif de questionnement : l’inexpérience en Europe de Dario Benedetto. Le joueur de déjà 29 ans n’a connu que les championnats argentins – Arsenal de Sarandi, Defensa y Justicia, Gimnasia Jujuy, Boca Juniors – et mexicains – Club Tijuana, Club America – durant sa carrière, entamée il y a 11 ans, en 2008. Sa prochaine expérience à l’OM sera une complète nouveauté pour lui, dans un championnat réputé physique et fermé, et qui est supérieur à tout ce qu’il a connu jusqu’ici, exception faites des matchs à enjeux en Copa Libertadores – dont la finale au Santiago Bernabeu de Madrid, en décembre 2018, où il avait été le seul buteur de Boca Juniors. De plus, son âge – 29 ans – peut-être un piège : en cas de flop, l’Argentin sera invendable… et presque tout autant en cas de réussite, puisqu’on voit mal des clubs mettre plus que le prix d’achat – 16 millions d’euros, bonus compris – pour un joueur qui aura 30 ans. L’OM fait donc tapis sur Dario Benedetto… mais ce dernier a cependant quelques atouts à faire valoir pour réussir à Marseille, et se faire adopter par l’exigeant public du Vélodrome. Sa grinta, son sens du but ainsi que l’admiration que lui porte le Portugais André Villas Boas, proclamé fan de Boca Juniors, sont des motifs d’espoir pour les supporters phocéens. Espérons pour eux que Dario Benedetto sera finalement une bonne pioche et qu’il perpétuera la lignée des illustres joueurs sud-américains passés par l’OM – Lucho Gonzalez, Enzo Francescoli, Gabriel Heinze, Luiz Gustavo, Sonny Anderson, Carlos Mozer…

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