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Main volontaire ou non, telle est la question

Si le football est un sport collectif qui se joue avec les pieds –et parfois même avec deux pieds gauches–, il est obsédé depuis presque toujours par les mains. Pas celles qu’utilisent les gardiens, mais plutôt celles des joueurs de champ. À moins d’effectuer une remise en jeu, il est interdit à ces derniers de toucher le cuir avec leur pogne. Idem pour leur bras… Reste à déterminer quand il s’agit d’un acte volontaire ou non.



Vers une uniformisation inutile de la règle ?


 

Tout cela provoque constamment la grogne des suiveurs du foot, dont la majorité aimerait simplifier la règle. Sauf que, quand c’est simple, ce n’est pas toujours mieux (en témoigne le jeu des Bleus au Mondial, par exemple : « on défend et on contre », c’était simple, mais était-ce mieux que celui de la Belgique, avec ses redoublements de passes ?).

En finale du Mondial 2018, un cas de figure impliquant une main est survenu. La VAR, qui va tuer la subtilité arbitrale dans le football, a été, à notre grand malheur d’observateur mais à notre grande joie de supporter, décisive dans l’affaire. L’équipe de France, grâce à Antoine Griezmann, a inscrit le deuxième de ses quatre buts face à la Croatie sur penalty, après une main considérée comme volontaire d’Ivan Perisic, à la 33e minute.

 

Sur un corner tiré par Grizou, Blaise Matuidi déboule au premier poteau et rate le ballon, qui passe juste au-dessus de son crâne et va cogner la mimine du Croate, juste derrière lui. La main de Perisic fait nettement un mouvement vers le bas, certes, mais à vitesse réelle, il semble difficile de croire qu’elle est volontaire. Du moins, il semble impossible d’affirmer que le joueur a fait exprès de dévier le ballon de la paume après que Matuidi, 30 centimètres devant lui, l’a raté, de manière inattendue. Quoique, le néo-Zizou de la Juve qui manque une balle, est-ce si surprenant que ça ?

Peu importe : initialement, l’arbitre ne siffle pas, mais après consultation des ralentis de la VAR, qui lui montrent en boucle le cuir taper une main, M. Pitana est « obligé » de siffler penalty, et de donner la victoire aux Bleus –non, ce n’est pas un raccourci.

 

La règle stipule avant toute chose que le geste doit être volontaire : « Toucher le ballon de la main implique un geste délibéré du joueur […] ». Une chose difficile à déterminer, qui appelle donc dans chaque cas une interprétation sur l’intentionnalité du joueur fautif. De plus, l’arbitre doit prendre en considération le mouvement –la main doit aller vers la balle pour être sifflée– et, surtout, la distance entre l’adversaire et le ballon touché, avec une attention particulière quant à ceux « imprévus ». Un nombre de paramètres important, il est vrai. Dans notre cas de finale, si Ivan Perisic a le temps de voir Antoine Griezmann tirer la balle au poteau de corner, il est à l’évidence surpris que Matuidi la rate juste devant lui, pour finir sa course sur sa main en mouvement. Ballon (un peu) imprévu, donc. N’êtes-vous pas d’accord, supporters chauvins ?

Ceux qui râlent à chaque main sifflée ou pas, suivant que leur équipe en profite ou non, voudraient simplifier à l’extrême : « Que toutes les mains soient sifflées, comme ça, plus aucun débat. » Ok Jean-Marc, mais cela amènerait un sacré beau bordel. Lors d’un coup franc avec le mur à l’intérieur de la surface de réparation, il y aurait invariablement penalty si le ballon tapait le bras d’un joueur, pourtant sur son torse en guise de protection. Y a-t-il plus involontaire que cela ? Autre cas, toujours dans la surface : Lionel Messi, Neymar ou des joueurs habiles techniquement pourraient envoyer le cuir directement sur la main ou le bras d’un adversaire pour choper un penalty, en fin de match par exemple, quand c’est serré –du coup, pas en L1 pour Neymar. Un peu embêtante, non, cette simplification que beaucoup réclament ?

 

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La subtilité de la règle empêche de considérer toutes les fautes de la même manière, et donc de siffler à chaque fois que le ballon tape la main d’un joueur. Changer cela entraînerait fatalement une dérive : après deux-trois fautes –ou pire, penaltys– sifflées suite à une main manifestement involontaire, les mêmes qui chouinent demanderaient à cor et à cri le retour de l’ancienne règlementation. À l’heure actuelle, avec l’introduction de la VAR, elle fait encore plus débat. Mais le problème est-il vraiment la règle en elle-même ? Ou ceux qui s’en plaignent en proposant des solutions aberrantes en recours ?

 

 

© pruxo – YouTube Leon Pillay – Twitter la1ere – Instagram neymarjr