adriano leite ribeiro

Les ailes coupées d’Adriano, l’Empereur gangsta

J’ai joué avec de grands champions. Mais celui que je sentais vraiment au-dessus de tout le monde, c’était Adriano. La première chose que j’ai demandée au président de l’Inter, à l’époque, c’est de le garder. C’était impossible de le tacler, de lui prendre le ballon, c’était un pur animal. Malheureusement, ça n’a pas duré longtemps. »

 

De “PES” à son épopée italienne, Adriano a forcé l’admiration

 

Cette citation, datant de 2017, n’est pas de n’importe qui. Passé par le Barça, la Juve ou le AC Milan, le joueur en question a évolué avec Lionel Messi, Andrés Iniesta, Andrea Pirlo, Ronaldinho, Kaka ou encore Jean-Christophe Bahebeck. Mais Zlatan Ibrahimovic affirme que c’est bel et bien Adriano qui l’a le plus impressionné. Habitué des phrases chocs, s’autodésignant souvent comme « le meilleur », le géant suédois reconnaît que le Brésilien était un pur phénomène. Peut-être plus que Ronaldo, « Il Fenomeno » ? Nous ne le saurons jamais tant Adriano n’a pas confirmé les attentes placées en lui.

L’Auriverde éclôt à 18 ans, à Flamengo. Après une seule saison pro, il est dragué, en 2001, par l’Inter, où le président Massimo Moratti voit en lui le successeur de Ronaldo. Blessé de manière récurrente, ce dernier ne joue presque plus depuis fin 1999. Pour le recruter, les Nerazzuri donnent au club brésilien le milieu Vampeta, qui appartient pour moitié au PSG, lequel reçoit en échange Reinaldo, le presque homonyme de Ronaldo, qui a presque du talent. Adriano débarque comme prévu en Italie et est prêté, dans la foulée, à la Fiorentina, pour s’aguerrir, puis surtout à Parme. Là, aux côtés d’Adrian Mutu, Alberto Gilardino et Hidetoshi Nakata, il plante 15 buts en Serie A la première saison, puis 8 lors de la deuxième, jusqu’en janvier 2004. Ronaldo transféré au Real Madrid, son successeur désigné peut enfin rentrer au bercail à la trêve hivernale. Pour que le massacre commence.

Associé à Christian Vieri puis plus tard à Zlatan, Adriano est à son sommet entre 2004 et 2006, malgré des périodes de doute. Lors de la saison 2004-2005, notamment, il inscrit 35 buts en 54 matchs avec l’Inter et le Brésil. Le monstre est lâché dans l’arène. « L’Imperatore » fracasse les défenseurs, détruit les mains des gardiens adverses, enflamme les filets de sa puissance et de son talent. Au point que Konami en fait le meilleur footeux de l’histoire de son jeu phare, « PES ». Son avatar dans « PES 6 » est une brute absolue (99 en puissance de frappe), qui a laissé un souvenir impérissable à tous les anciens possesseurs du titre.

 

Mais cette force de la nature (1,89 m, poids fluctuant entre 88 et… 100 kilos), qui détonne, couve cependant un malheur. Fin 2004, son père succombe à un arrêt cardiaque à seulement 44 ans. Javier Zanetti, capitaine légendaire de l’Inter, raconte : « Quand il a reçu cet appel lui annonçant la mort de son père, nous [lui et quelques coéquipiers, NDLR] étions dans la pièce. Adriano a raccroché et s’est mis à hurler d’une façon que personne ne peut imaginer. J’en tremble encore aujourd’hui. » L’attaquant admet être tombé dans une grave dépression et, conséquemment, dans l’alcool. « Je n’étais heureux que quand je buvais. Et je n’arrêtais jamais de boire. »

Contrairement à Souleymane Diawara ou Sidney Govou, la boisson l’empêche d’avancer. En 2007, le club le prête au Brésil, où il se refait la cerise. Il revient ensuite à l’Inter sous les ordres du Portugais José Mourinho. Mais les ennuis ne s’arrêtent pas et la vie nocturne d’Adriano est très agitée. « Je pensais à me suicider, je souffrais beaucoup. J’ai même cessé de croire en Dieu », confiera-t-il à propos des années 2008 et 2009. Quant au Special One, il avoue être « plus inquiet pour l’homme que pour le joueur ». Après une saison ratée, Adriano résilie son contrat et repart au pays, en 2009. Il y retrouve la forme puis retente sa chance en Italie, en 2010, à l’AS Rome, où il ne met pas un pied devant l’autre. En surpoids, impliqué dans des affaires de drogue, que ce soit en Italie ou au Brésil plus tard, le buteur, à côté de ses pompes, est même sur le point de rejoindre… Le Havre, en 2015. C’est dire la déchéance.

Ce devait être le successeur de Ronaldo, le vrai. Une bête avec un physique hors norme et une frappe de malade. Mais des événements tragiques et un mental affaibli lui ont coûté sa carrière, brève dans son intensité. Il rêve toutefois de retrouver un club, et des bruits évoluaient un hypothétique retour à Flamengo.

Mais il y a encore du boulot pour Adriano, abonné aux faits divers et proche d’un gang brésilien. Et, accessoirement, plus grand talent gâché des années 2000. Juste devant Jean-Eudes Maurice.

 

 

© Alex Carvalho – Twitter InsoliteFoot, ActuFoot_, NicolasHortus, footballspe – YouTube Master Of Football