A partir de quand peut-on juger une recrue ?

Le marché des transferts devient chaque année de plus en plus étonnant. Le mercato d’été 2019 ne déroge pas à la règle, entre transferts farfelues, indemnités hallucinantes et rumeurs foireuses. Naturellement, Passe D se pose beaucoup de questions durant cette période et a décidé de vous faire partager tout ça. Le sujet qui nous intéresse, en ce mercredi 28 août, est le suivant : à partir de quand peut-on juger une recrue ?



Juger un joueur au bout de 102 minute de jeu, est-ce bien raisonnable ?



Selon l’inénarrable Pierre Ménès, à partir de « tout de suite ». Sur son blog, le clown de Canal, qui fait rire autant de personnes que son collègue Laurent Paganelli, mais de manière involontaire, a révélé en avant-première que « le recrutement de Dario Benedetto est une erreur », comme il l’avait déjà annoncé, selon lui, « pour (Kostas) Mitroglou ». Lors la première titularisation de l’Argentin de 29 ans, contre Nantes, Pierrot avait déjà salué une prestation… « mitrogluesque » de l’ex-buteur de Boca Juniors. Serait-ce donc une idée fixe, cette volonté acharnée de comparer Dario Benedetto à Kostas Mitroglou, véritable tête de Turc du sniper de CFC ?

Pierre Ménès, qui est dans le milieu du foot depuis plus de vingt ans, a semble-t-il assez d’expérience pour décréter qu’un joueur est « une erreur de recrutement » au bout de 102 minutes de jeu disputées et un penalty raté. Certes, à Passe D, on a l’habitude de voir Pierrot se tromper : outre ses annonces foireuses – il avait notamment affirmé avec certitude au CFC que Marcelo Bielsa quittait l’OM en 2015 pour la sélection mexicaine -, il faut en effet se rappeler que cet expert a eu pendant longtemps pour tête de Turc un certain… Edinson Cavani, aujourd’hui meilleur buteur de l’histoire du PSG, avec 195 pions. Mais le voir lancer une telle affirmation, ces jours-ci, nous a beaucoup surpris, on le concède. Avec sa connaissance du foot, Pierre Ménès devrait pourtant savoir qu’il y a une cargaison de joueurs qui ont loupé leur début, avant de réussir sur la durée leur passage dans un club. Et à l’OM en premier lieu.

Tout le monde se rappelle, par exemple, de l’aventure de Jean-Pierre Papin sous les couleurs olympiennes, et de ses innombrables buts – 184 exactement. Mais qui se souvient que le joueur, qui venait de FC Bruges, en Belgique, avait réalisé une première saison mitigée – 13 buts -, au point d’être surnommé « JPP, j’en plante pas » ? André-Pierre Gignac, autre figure marseillaise, avait lui aussi raté… ses premières saisons à l’OM. Constamment blessé musculairement, le goleador des Tigres était régulièrement sifflé par le Vélodrome pour son incapacité à marquer – 9 buts en L1 en deux ans. En 2015, pourtant, André-Pierre Gignac a quitté l’OM en idole absolue. Et que dire de Jérémy Morel, qui a conquis les cœurs olympiens lors de sa quatrième saison au club en tant que défenseur central, après trois saisons assez terribles à gauche de la défense – bon, dans le cas de Jérémy Morel, trois saisons mauvaises sur quatre, ça fait au final une mauvaise recrue, certes.

Il n’y a pas qu’à l’OM, cependant, que les joueurs mettent (beaucoup) de temps à s’acclimater. Prenons l’exemple de Karim Benzema. L’attaquant est arrivé au Real Madrid en 2009, en provenance de l’OL. Alors dans sa 22e année, le Français, qui avait confié à la presse qu’il ne s’entraînait pas forcément à fond la semaine, à l’OL, car il avait certitude qu’il allait jouer le week-end, est entré, au Real, dans un autre univers. Si, sur la durée, Karim Benzema a mis tout le monde d’accord, en poussant dehors tous ses concurrents – Gonzalo Higuain, Emmanuel Adebayor, Mariano Diaz… – la première année, elle, a été très compliquée. En concurrence avec Raul et Gonzalo Higuain, l’ex-Lyonnais a inscrit 8 buts en seulement 21 matchs de Liga et a très peu joué à la fin de la saison – à partir de février, 9 matchs, 1 but, 0 titularisation. Cette saison-là, Gonzalo Higuain a claqué, lui, 27 fois. Les dirigeants du Real, manifestement plus patients que Pierre Ménès – et plus compétents, aussi ? -, ont pourtant décidé de maintenir leur confiance au Français. Bien leur en a pris : Karim Benzema a gagné depuis 4 Ligue des Champions, en inscrivant en tout 224 buts pour le Real.

 

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Plus proche de nous, l’exemple de Fabinho est également très parlant. Arrivé à Liverpool à l’été 2018 pour 50 millions d’euros, le milieu défensif brésilien de 25 ans, impérial à Monaco pendant plusieurs saisons, ne joue presque pas lors de la première partie de la saison – aucun match de championnat entre août et mi-octobre ! -, au point d’envisager un départ au PSG au mercato hivernal. Aujourd’hui ? Le Brésilien a remporté la Ligue des Champions de la saison 2018-2019 dans la peau d’un titulaire indiscutable.

 

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😁🏆

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On pourrait encore noircir des pages avec des exemples, mais le principe est le même : deux rencontres, c’est trop court selon nous – et pas que selon nous, on espère ! – pour juger de la valeur et des performances d’une recrue. Passe D décrète, de son côté, qu’il faut entre six mois à un an, suivant l’importance du changement opérée par le joueur, pour établir un premier bilan, nécessairement provisoire. Dans six mois, donc, Dario Benedetto, Wissam Ben Yedder, Nicolas Pépé, João Felix, Lucas Hernandez ou encore Antoine Griezmann pourront savoir s’ils sont, à cet instant, de bonnes recrues pour leurs clubs respectifs… en attendant la suite.

Si tu veux en savoir plus sur le transfert de Benedetto à l’OM n’hésite pas à visiter ce lien : Oui Benedetto est un pari risqué

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