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Les mystérieux bâtons de Nasazzi et de Bourbotte

D’humeur pédagogue, Passe D s’est mis en tête de vous expliquer ce que sont les bâtons de Nasazzi et de Bourbotte. Les noms (et ce chapeau de Gandalf) sont effrayants, mais en réalité c’est très simple.

 

Les bâtons de Nasazzi et Bourbotte, trophées de consolation ?

 

À l’instar du « championnat du monde non officiel », créé par des Écossais dans les années 60, le bâton de Nasazzi et son homologue franco-français, celui de Bourbotte, récompensent de manière officieuse des équipes qui gagnent (le Stade Rennais est donc exclu d’office de la course).

Le premier, le bâton de Nasazzi, concerne uniquement les équipes nationales masculines. Ce « titre » virtuel a démarré sa longue carrière en 1930 dans la besace de l’Uruguay, lauréate de la Coupe du Monde de football originelle. C’est au capitaine de La Celeste, José Nasazzi, que le trophée doit son patronyme.

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José Nasazzi, capitaine de l’Uruguay en 1930

Celui-ci change de main quand l’équipe qui le détient se fait battre lors d’un match officiel de la FIFA. La passation peut donc se produire durant une grande compétition (Coupe du Monde, Euro, Copa America, etc.) ou lors d’un simple match amical. Le vainqueur doit s’imposer dans les 90 minutes du temps réglementaire ; en cas de match nul ou de victoire en prolongation, le Batuta de Nasazzi (c’est de l’espagnol) reste dans les bagages de la sélection qui en disposait au début de la rencontre.

Encore plus aléatoire que le classement FIFA (si, si, c’est possible), le bâton de Nasazzi est actuellement détenu, en avril 2018, par… la Finlande. Les Scandinaves se le sont approprié après leur victoire 1-0 contre l’Islande, le 2 septembre 2017, lors d’un match des éliminatoires de la Coupe du Monde.

Évidemment, quand il s’agit de dominer une compét’, même non officielle, le Brésil est devant : en cumulé, les Auriverde ont le total de possession le plus élevé (3 885 jours). L’Angleterre, 3e de ce classement, est enfin sur le podium d’un tournoi international. Dommage qu’il compte pour du beurre. Et la France, dans tout ça ? Elle se hisse laborieusement au 13e rang, soit plus bas que la Hongrie et même loin derrière une nation qui a disparu (l’Allemagne de l’Ouest, 4e)… Les Bleus ont rarement eu à tendre le bâton pour se faire battre.

 

Du côté du bâton de Bourbotte, le principe est le même que pour celui de Nasazzi, sauf qu’il concerne uniquement les équipes françaises et qu’il se dispute durant les matchs du championnat national. La chose a été créée fin 2008-début 2009 par le site Poteau rentrant, avec pour premier détenteur, rétroactif donc, le LOSC et son capitaine François Bourbotte, vainqueur du premier championnat d’après-guerre, édition 1945-1946. Les Lillois se sont fait piquer leur titre par le FC Roubaix, deuxième possesseur, qui s’est lui fait subtiliser son bien par l’AS Saint-Étienne.

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François Bourbotte (à g.), sous les couleurs du SC Fives, en 1941, face aux Girondins de Bordeaux

Bien que le site en question ait disparu en 2013, des passionnés ont mis à jour le palmarès de cette compétition, dans lequel des clubs chevronnés comme le FC Sète 34, le Pays d’Aix FC, l’Angoulême Charente FC ou le Limoges Football Club figurent. À la première place du classement, en temps de détention cumulé, on trouve le FC Nantes, suivi de près par le PSG, actuel proprio du bâton de Bourbotte, qui l’a piqué à l’OM lors de sa victoire 3-0 du 25 février 2018. S’il ne perd aucun match de championnat jusqu’à la fin de la présente saison, le club de la capitale passera devant les Canaris. À défaut de décrocher la Ligue des Champions, Nasser Al-Khelaïfi, Neymar et consorts peuvent donc amplement se consoler avec le bâton de Bourbotte, une compétition réellement à leur portée.

 

 

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