Quel est le problème avec les banderoles ?

Le marché des transferts devient chaque année de plus en plus étonnant. Le mercato d’été 2019 ne déroge pas à la règle, entre transferts farfelues, indemnités hallucinantes et rumeurs foireuses. Naturellement, Passe D se pose beaucoup de questions durant cette période, et parfois même, elles n’ont rien à voir avec le marché des transferts. C’est le cas en ce lundi 2 septembre : quel est le problème avec les banderoles ?



Arbitre, Arbitre, ENCUL*** !!



Depuis la reprise des matchs en France, plusieurs rencontres ont été arrêtés momentanément à cause de banderoles ou de chants jugés homophobes par les autorités. Cela a été le cas lors de plusieurs rencontres, dont Nîmes-Monaco, Nice-OM (3e journée), Metz-PSG (4e journée) ou encore durant Nancy-Le Mans, en L2. A chaque fois, les arbitres ont stoppé les matchs durant plusieurs minutes – 12 dans le cas de Nice-OM -, avant que la situation retourne à la normale, c’est-à-dire que les tribunes se chargent spécifiquement de supporter leur équipe et non pas de proférer des insultes. Passe D aimerait dire, avant de développer son propos, que la lutte contre l’homophobie, ou toutes les autres formes de discrimination, est évidemment louable, et qu’il la soutient sans l’ombre d’un doute. Passe D ne pourrait pas être plus clair sur le sujet. Sauf que, et c’est là que le bât blesse, on n’est pas certains que les supporters de football soient réellement homophobes, comme ces arrêts de matchs, et le traitement par la presse de ces événements, le laissent entendre.

 

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Les instances du football se sont-elles réveillées, cet été, en se disant que les termes « enculé » – comme « arbitre enculé » – ou « pédé » – qui vise souvent un joueur – n’avaient plus leur place dans les tribunes ? Peut-être, même si le réveil est, selon nous, très tardif. Mais surtout très opportuniste. L’auteur de ces lignes pense que toute cette affaire est avant tout politique, et que le football est là uniquement pour servir les intérêts très politiciens de ceux qui veulent brocarder de manière ultra-visible les supporters de football – la preuve, tout le monde en parle, même nous ! Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat entre les femmes et les hommes et contre les discriminations, qui se déclare par ailleurs supportrice de l’OM – oh, Bonne Mère… -, a visiblement pris le dossier à bras-le-corps, en déclarant : « La prochaine fois, je quitterai le stade quand il y aura des chants homophobes ».

 

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Les arbitres, en première ligne, ont vraisemblablement reçu des consignes de leur hiérarchie pour marquer le coup en cas d’incidents de cet acabit : leur seule arme est d’arrêter les rencontres quand un chant retentit et que les termes que nous avons décrits plus haut se font entendre. Or, si les instances du football ont réellement envie, comme ils semblent le dire, de lutter contre des propos qu’ils estiment discriminatoires, il y a des manières bien plus efficaces pour le faire. Certes, c’est moins spectaculaire et polémique qu’un arrêt de match, mais c’est avant tout moins inutile : il suffit, par exemple, de consulter les caméras de surveillance dont sont munis un paquet de stades de L1, et de punir ceux qui se sont rendus coupables de ce genre d’exactions – chant et banderole jugés homophobes. Cela ne perturberait pas les rencontres et les acteurs qui subissent ce genre d’événements, comme l’a dit le Niçois William Cyprien au micro de Laurent Paganelli, sur Canal, mercredi dernier : « On ne va pas arrêter les matchs parce qu’il y a des débiles ». Sinon, effectivement, aucun match de L1 ne pourrait se jouer.

Ce week-end, les supporters de beaucoup de stades français se sont défendus contre l’homophobie qu’on leur prête via quelques banderoles, dont une plutôt drôle, à Nîmes : « Pas d’homophobie chez nous… La Ligue, la Ligue, on t’accule ». Celles déployées à Nantes et à Lyon sont, selon nous, les plus révélatrices de la dimension politique de toute cette histoire : « Nous faire la leçon sur la prétendue homophobie de nos tribunes, après être allé promouvoir le sport français au Qatar ? Vous nous prenez vraiment pour des cons », à Nantes, et « Roxana, tu parleras d’homophobie au Qatar ? » à Lyon, qui visait la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Pour rappel, au Qatar, où la prochaine Coupe du Monde aura lieu, l’homosexualité est illégale. En mars dernier, la France, via son Premier Ministre Edouard Philippe, a pourtant signé un accord avec le pays du Moyen-Orient pour la sécurisation du Mondial 2022. Grâce à ce traité, la France s’est engagée à partager son expérience dans le domaine de la sécurité lors d’événements sportifs avec le Qatar. C’est en partie cette incohérence que les supporters pointent du doigt. Selon nous à raison.

 

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Enfin, et ce n’est pas à mettre de côté, la Ligue essaie, depuis plusieurs années, de discipliner les supporters de football en France, en prohibant les fumigènes, par exemple. Et surtout en leur interdisant presque de manière systématique de se déplacer pour les matchs à l’extérieur. Des décisions liberticides de par leur prolifération. L’excuse de l’homophobie des tribunes est une autre manière, médiatiquement très efficace – car qui est pour l’homophobie ? -, de mettre au ban les supporters de football, accusés de beaucoup de maux, et en plus d’être de vilains intolérants. Lors des premières journées de L1, ces derniers ont multiplié les banderoles remplies de second degré, avec des jeux de mots sur l’homosexualité, pour provoquer la Ligue, avec « humour » selon eux – on n’est pas obligé d’en rire, mais il est manifeste qu’il y a des tentatives en ce sens. Dans un cas comme dans l’autre, du côté de la Ligue comme celui des supporters, l’homophobie est juste un prétexte pour atteindre, plus ou moins efficacement, son ennemi honni, et le mettre au pas, dans le cas spécifique de la Ligue.

 

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La lutte contre l’homophobie mérite réellement mieux que toute cette mascarade. Le football aussi.

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